Défense de la langue française
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DLF, n° 248
« ENCHANTÉ DE FAIRE VOTRE PLEIN D’ESSENCE » ET AUTRES JOYEUSES CALEMBOURDES de Marie Treps
Librairie Vuibert, 2013, 176 p., 14,90 €
Quand une très sérieuse et renommée linguiste se déchaîne au pays du Calembour,
cela donne cet ouvrage inattendu et follement drôle. Le calembour est partout,
chez les enfants, notre épicière, à la télévision, sous la plume des grands écrivains,
parfois d’une grande simplicité, parfois très élaboré, voire peu compréhensible. En
tout cas, il méritait cette étude exhaustive non moins qu’exemplaire. La personne à
gratin ne vaut-elle pas mieux que grata, le mec que le nec plus ultra ; mais est-il sage de dire : « merci
d’être velu », « Casse la tienne », « À la brochette de foie » ; est-il intéressant d’être « riche comme
Fréjus », d’avoir sur la tête « l’épée de la dame au clebs », ou encore de « sortir de la cuisine de
Jupiter » ? En prime, une nouvelle inédite, le roman d’une Madame Rose, sous les pas de laquelle
fleurissent les calembours et qui pendant la clavicule lit des romans à l’eau d’Éros. Bibliographie
et index.
Nicole Vallée
365 EXPRESSIONS MYTHOLOGIQUES ET BIBLIQUES, de Paul Desalmand et Yves Stalloni
Chêne, 2012, 288 p., 15,90 €
Très souvent nous employons des expressions « toutes faites » dans la conversation,
instinctivement, sans penser à leur origine, que nous avons souvent oubliée : « On
est toujours puni par où l’on a péché », « Être le sosie de quelqu’un », « la porte étroite »,
« Né de la cuisse de Jupiter », « Riche comme Crésus »... Ce nouveau dictionnaire,
joliment illustré, vous donne toutes les références nécessaires. Bref, c’est un excellent
rafraîchissement de la mémoire. Il est parfois surprenant. Vous pensez peut-être que Procuste n’avait
qu’un lit pour martyriser ceux qu’il détroussait. En réalité, le brigand en avait deux : un pour les
trop grands et un pour les trop petits, afin de les recroqueviller ou de les étirer… douloureusement.
Cet ouvrage, écrit avec charme et esprit, mettra de l’ordre dans le capharnaüm de vos préjugés et
vous aidera à devenir bienheureux comme un « simple en esprit ».
Jacques Dhaussy
LES PLUS BELLES EXPRESSIONS DE NOS RÉGIONS, de Pascale Laffite-Certa
Points Seuil, « Le goût des mots », 2012, 254 p., 12 €
Encore des expressions populaires ! Je vous entends déjà vous rebiffer... Seulement
voilà, celles-ci viennent tout droit de nos terroirs, sont parfois en dialecte local et
plus savoureuses et imagées les unes que les autres. Et si l’auteur ne nous donnait
pas leur signification – avec leur histoire pour faire bonne mesure –, les
comprendrions-nous toutes ? « Il fait boucaille »1, gémit le Breton ; « Ne monte pas
sur ton poironnier »2, demande-t-on au Bourguignon. « Il a voulu breuiller au
barrelot »3, va-t-on reprocher à un Franc-Comtois. « Je vais faire ducasse »4, se réjouit le Ch’ti. « Moi,
j’ai le veuzon »5, soupire le Poitevin. En attendant l’arvoyure, je vous souhaite, comme le Provençal,
de « rire à vous en faire péter l’embouligue »6, mais surtout de ne pas « faire le câcou »7.
Nicole Vallée
1. Il fait gris et il bruine. 2. Ne t’emporte pas. 3. ...prendre une place occupée. 4. ... faire la fête. 5. Je
suis mélancolique. 6. ...le nombril. 7. ...le malin.
LA REVANCHE DES NULS EN ORTHOGRAPHE, d’Anne-Marie Gaignard
Calmann-Lévy, 2012, 256 p., 16,90 €
Ce livre se veut un message d’espoir pour les mal-appris de l’école (et pour leurs
proches). Étiquetés hâtivement dyslexiques, ces enfants, même soumis à des
remédiations souvent inefficaces, vivent un pénible sentiment d’échec qui les poursuit
parfois toute la vie.
L’auteur met en cause l’incohérence des démarches d’apprentissage de la lecture
utilisées et précise : « Je ne suis pas en train de dire qu’il y a une [méthode] meilleure que les autres...
Je pense sincèrement que l’utilisation d’une méthode qui permet d’activer les trois types de mémorisation,
celle de la vue, celle de l’ouïe et celle du geste porterait ses fruits. »
Au passage, elle déplore le manque d’empathie de certains enseignants et le recours trop facile
aux orthophonistes ainsi que le faible rendement des rééducations. On peut regretter cependant
le côté excessif du procès fait aux enseignants.
Victime elle-même de méthodes d’apprentissage contradictoires et d’une stigmatisation précoce,
elle se consacre à aider ceux qui ont été exclus d’un accès gratifiant à la langue écrite. C’est surtout
dans le cadre d’une relation duelle qu’elle redonne confiance aux élèves, qu’elle détermine la
démarche cognitive la mieux adaptée à chaque cas, (ré)invente et met en oeuvre les procédés les
plus adaptés.
Michel Jordan
PETITES CHRONIQUES DU FRANÇAIS COMME ON L’AIME, de Bernard Cerquiglini
Larousse, 2012, 352 p., 20,90 €
Je vous invite à déguster chaque jour, avec lenteur et componction, l’une des
340 savoureuses chroniques d’un grand linguiste, recteur de l’Agence universitaire
de la Francophonie et oulipien de surcroît. Et après ? Aurez-vous avec lui percé
tous les secrets du français, parcouru sans vous perdre ses perfides labyrinthes ?
Que nenni, mais vous aurez passé des moments bien délectables. Mieux vaut « payer
rubis sur l’ongle » que « rester coi quand on est à quia ». Pourquoi ne plus dire : « Le
roè, c’est moè » ? Choisissez plutôt d’« apporter des fraises » que de « ramener votre fraise » ! Comment
diable distinguer persienne, contrevent, volet et jalousie ? Enfin, pourquoi l’imbécile n’a-t-il besoin
que d’un seul l quand imbécillité en veut deux ? Et une foule d’anecdotes inédites pour faire bon
poids, bonne mesure...
Nicole Vallée
LA GRAMMAIRE PARALLÈLE, de Christian Moncelet
Chiflet & Cie, 2012, 224 p., 14,50 €
Mais non, Grammaire n’est pas une vieille, confite en dignité, parlant d’un ton
impérieux, minaudant sur un plus-que-parfait imparfait du subjonctif.
L’auteur, « grammaérien » revendiqué, entend nous faire déguster ses débordements,
ses aventures, ses escapades. La Grammaire parallèle dérègle à bon escient les structures
figées, encourage les mots à « bativoler » dans les airs, à nouer de fécondes amitiés
avec les images. Elle anime l’ankylosé, le liquéfié, met une plume colorée dans le
culte de la rigueur. Elle se veut pragmatique, soucieuse de frapper juste, au bon moment, au bon
endroit. À l’appui de ses dires, ce gouleyant ouvrage fourmille de citations dont nous offrirons une
seule : « On ne dit pas jerrican, mais je me bidonne, déconfiture, mais manque de pot, cocotte-minute, mais
péripatéticienne pressée. » Conclusion : et si on se grammusait au lieu de s’engrammairder ? Abondante
et utile bibliographie.
Nicole Vallée
TRAVAILLEUR DE L’OREILLE QUI TRAÎNE. MA VIE AVEC LES MOTS, de Pierre Merle
Éditions de Paris - Max Chaleil, 2012, 190 p., 17 €
Cet auteur de nombreux ouvrages sur la langue française, dont un irrésistible
Politiquement correct, nous démontre ici sans conteste qu’avoir « l’oreille qui traîne »
en toutes circonstances, en tous lieux, à tout instant, permet les plus savoureuses et
les plus inattendues des découvertes. Suivons-le donc au fil de quelques chapitres :
« Tchatche en liberté »... non surveillée : s’éclater, pulsions, fantasmer, lapsus...
« Comme une fusée » : français branché, vachement, flinguer... « La couleur des mots » : un angle
mort (quel mystère !), prorata, à hue et à dia... « Insultes politiques ça se remuscle » : poujadiste
en sandales, tapir eczémateux, capitaine de pédalo... « Le patois et moi » : benne, ça va pas le faire,
sougner, trifoles, tout sarrassouné... Citons encore : « J’en pince pour Gigalpince »... « L’oreille des
songes »... « Cul de poule et autres légers emplumages »... « Un mot de l’initialite galopante »...
À la fin de ces trente-huit chapitres, vous n’êtes pas « normal » si vous ne vous retrouvez persuadé
que, non seulement outils de communication, les mots sont la vie même.
Nicole Vallée
PETIT DICO DES MOTS DÉMODÉS ET OUBLIÉS, de Sylvie Brunet
Éditions City, 2012, 192 p., 14,95 €
Évidemment, cette recension des mots tombés en désuétude, trésors enfouis dans les
placards de notre langue, n’est pas la première en date, et notre cher Jean Tribouillard
a déjà maintes fois appelé notre attention sur eux. Mais son auteur, combinant le
sérieux et la légèreté (mais oui !) nous détaille très agréablement leur origine, leur sens
et même les raisons de leur quasi-disparition. Et parmi les quelque 200 présentés, il y en a bien que
vous ignorez totalement. Jugez-en : Comme il avait les chocottes, cet olibrius qui dissimulait ses
bacchantes sous un cache-nez partit batifoler avec d’autres dévergondés amateurs de clopinettes. Et
pas de traduction aujourd’hui. Index des auteurs et des mots. Nombreux dessins amusants.
Nicole Vallée
Signalons aussi :
- LA FABRIQUE DES MOTS, d’Erik Orsenna, de l’Académie française, illustrations de Camille Chevrillon (Stock,
2013, 144 p., 15 €).
- MÉMORISER L’ORTHOGRAPHE DES MOTS COURANTS, d’Yves Martinez et Jean Fenech (RETZ, 2013, 184 p., 17 €).
* * *
- À TABLE... LE MENU !, de Patrick Rambourg, préface de Pascal Ory (Honoré Champion, « Champion les mots »,
2013, 128 p., 9,90 €).
- 365 EXPRESSIONS DE NOS GRANDS-MÈRES, de Jean Maillet (Les Éditions de l’Opportun, 2013, 366 p., 9,90 €).
- LES MOTS QUE J’AIME. ET QUELQUES AUTRES, de Jean-Michel Ribes (Points, « Le goût des mots », 2013, 120 p., 10 €).
- 365 EXPRESSIONS DES MÉTIERS EXPLIQUÉES, de Dominique Foufelle (Chêne, 2013, 240 p., 15,90 €).
- PETITES IGNORANCES DE LA CONVERSATION, de Charles Rozan (Éditions des Équateurs, 2013, 1re éd. 1856, 352 p.,
13,50 €).
- CURIEUSES HISTOIRES DE NOMS DE LIEUX DEVENUS COMMUNS, de Christine Masuy (Éditions Jourdan, 2012,
264 p., 15,90 €).
- LE DICO DES MOTS QUI N’EXISTENT PAS... ET QU’ON UTILISE QUAND MÊME, d’Olivier Talon et Gilles Vervisch (Éditions
Express-Roularta, 2013, 288 p., 12,90 €).
- LE LANGAGE DES DIRIGEANTS : UNE MÉTAMORPHOSE. MANIFESTE, de Jeanne Bordeau (Les éditions de l’Institut de
la qualité de l’expression, 2013, 92 p., 20 €. On peut le commander sur le site www.institut-expression.com).
Nos adhérents publient
- Le Figaro du 14 mars loue
vivement le nouveau roman
de François Taillandier :
L’Écriture du monde (Stock,
286 p., 19 €).
- À découvrir absolument
aussi trois romans d’Henri
Girard, remplis de poésie, de
tendresse et d’humour :
L’Arlésienne de Tidbinbilla
(In Octavo éditions, 2011,
232 p., 18 €), Jubilé (304 p.)
et Droit devant toi (224 p.)
tous deux publiés chez
L’Agarnier, 18 €.
- Les Dictionnaires de l’Académie
de l’humour français
(extraits de cinq dictionnaires,
sélectionnés par les éditions
Glyphe, que dirige Éric Martini).
- Alice Fulconis, dans sa
remarquable revue culturelle
La Critique parisienne (n° 68)
signe un éditorial qui fait
l’éloge de notre revue pour
les mots en péril, les termes
nouveaux et l’origine des
couleurs.
- Alfred Herman a obtenu le
Grand Prix du monde
francophone 2012 pour son
nouveau recueil de poèmes :
En attendant mon seuil...
(Éditions du Cèdre, 74 p.).
- Christian Massé a écrit un
opuscule La colère... remplit le
monde, premier d’une série,
celle des mardis littéraires
(1, rue du 8-Mai, 37250 La
Riche).
- Très belle « publication
littéraire », L’Envol est éditée
par la délégation du Lot et
l’Association Racines : peggy.
grisez@wanadoo.fr et www.
racines-alvignac.fr.
- Dans Le Dévorant (n° 258)
paraît, entre autres, un
article humoristique de
Claude Koch : « Histoires à
lire ou à ouïr ».
- Francophonie vivante, revue
trimestrielle de l’Association
Charles-Plisnier présidée par
Marie-Ange Bernard, consacre
son numéro de mars 2013 à
la couleur « Rouge ».
- L’association Rencontres
européennes-europoésie,
présidée par Joël Conte, a remis un chèque de 1 000 €
à l’Unicef.
- L’Aède (n° 34) donne le
palmarès 2013 des concours
de l’Union des poètes
francophones.
- Bernard Leconte dédie « à
la mémoire de Jean Dutourd »
un pamphlet dans lequel
l’humour prévaut sur la
tristesse : Tyrannie chérie
(France Univers, 2013, 76 p.,
17 €).
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