Défense de la langue française
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DLF, n° 260
FRANÇAIS : PREMIERS SECOURS de Jean-Pierre Colignon
Éditions Ellipses, 2016, 320 p., 16 €
Et voilà notre cher grammairien transformé en... infirmier, pompier,
brancardier, volant à notre secours, nous prodiguant les soins les plus
attentifs et efficaces pour nous enseigner les règles essentielles, nous
éviter les bourdes en orthographe, ponctuation, vocabulaire, syntaxe,
et mettre à notre disposition un français correct et agréable tout à
la fois.
En plus, des exercices variés vous permettront de contrôler vos connaissances et, surtout,
vos acquis.
Quelques échantillons de la table des matières : « L’accord des adjectifs de couleur » ;
« Les guillemets » ; « Les majuscules et les minuscules ».
Quelques mots difficiles à bien écrire, accorder, comprendre : boute-en-train ; oeil ; objectif ;
zigzag... Quelques exemples de tests perfides : « Vous n’êtes pas sans savoir que... », phrase
positive ou désagréable ? « Des abimes profonds » est-il correct ? « Le Mistral est un vent
du nord », est-il fautif ? « J’ai acheté hier, quelques bouteilles de vin », est-il valable ?
Réponses aux premiers secours...
Nicole Vallée
L’ENCYCLOPÉDIE DES PETITS TRUCS DU PROFESSEUR COLIGNON
Éditions de l’Opportun, 2016, 224 p., 12,90 €
Il était médecin urgentiste, prêt à voler à notre secours. Et voilà Jean-Pierre
Colignon devenu professeur, mais un professeur pas comme les autres. Il
n’enseigne pas ex cathedra, il se promène parmi ses élèves attentifs à
recueillir les 500 astuces efficaces qu’il leur a mitonnées, afin que jamais,
plus jamais ils ne fassent de fautes d’orthographe, de conjugaison, de
grammaire... Quelques exemples : « Des six voyelles françaises, seules trois peuvent avoir
un accent grave... » « Le daim a toujours faim... » et se termine par un m, bien que sa
femelle soit une daine... « Un opprobre général frappe ce politicien peu probe. » « Le
schéma du scénario nous plaît (pour ne pas oublier le c). » Pourrez-vous répondre aux
tests assez perfides de notre JPC ? Que direz-vous : « faire bonne chère, chaire ou chair » ?
« Une glace sans teint, thym, tin, tain » ? « Réclamer à corps et à cri » ? « La cession d’été » ?
Réponses dans l’encyclopédie. L’index va d’Abbé à Z (mots contenant), en passant par
Hippopotame et Quetsche... 527 entrées au total. Merci, Professeur !
Nicole Vallée
PRÉCIS DE TERMINOLOGIE MÉDICALE de Jacques Chevallier et Daniel Candel, Jean-Pierre Haberer, Nathalie Renevier,
Maloine, 2015, 9e édition, 288 p., 53 figures, 25 €
Cette « introduction au domaine et au langage médicaux » est une oeuvre collective.
Jacques Chevallier, professeur honoraire de Santé publique à l’université René-
Descartes, et ses collaborateurs présentent une sorte de dictionnaire obéissant à un
classement particulier et pratique. En effet, un patient est une personne et la maladie l’affecte
complètement, mais se manifeste dans un territoire particulier. Aussi cette terminologie concernet-
elle des régions différentes, comme l’appareil locomoteur, l’appareil cardio-vasculaire ou les voies
respiratoires. Ce livre clair et précis, destiné aux étudiants et à toute personne proche des milieux
médicaux, est animé d’un profond respect pour notre langue. Des mots changent. Ils sont ici
catalogués : ainsi l’omoplate devient la scapula, et la luette l’uvule palatine. Radicaux, préfixes,
suffixes ne sont pas loin des éponymes en thérapeutique comme la maladie de Biermer ou le
syndrome de Ménière, parfois difficiles à localiser. Le vocabulaire de notre corps est d’une
incomparable richesse. Nous n’en connaissons qu’une petite partie...
Jacques Dhaussy
PETIT LEXIQUE DES BELLES ERREURS DE LA LANGUE FRANÇAISE (ET DE SUISSE ROMANDE). 300 CONTRESENS, BARBARISMES ET AUTRES ERREURS CHOISIS ET COMMENTÉS PAR DES AMOUREUX DES MOTS Collectif (dont André Panchaud, René Belakovski et Claude Bodinier, Association suisse des
journalistes francophones), illustrations de Plonk et Replonk
Éditions Loisirs et Pédagogie, 2015, 274 p., 27,40 €
Ah, la bonne idée de nos amis journalistes suisses romands, peut-être plus amoureux
du français que nous-mêmes. Nous allons nous pourlécher à la lecture de toutes les âneries qu’ils
ont récoltées dans les médias et sans se fatiguer, tant elles sont nombreuses et décomplexées. Cela
va de « s’avérer faux » au « quatre coins de l’Hexagone », en passant par« débloquer des crédits », « impacter
le taux de croissance », « faux prétextes », « fixer un barème » , « a relégué son adversaire », « un temps
mitigé », « démarrer une émission », etc. Mais peut-être ces exemples ne vous auraient-ils pas
spécialement choqués vous-mêmes ? Il manque l’inévitable « décimer » au sens de « détruire,
exterminer » alors qu’il s’agit de supprimer un sur dix. Nous profitons aussi de quelques « bévues »
typiquement helvétiques : « être sur Soleure », « dicastère », « repourvoir », « en son temps », « adresse
exacte »... Bref, une savoureuse raclette (qui n’est pas une fondue...). Les illustrations de Plonk et
Replonk sont irrésistibles. Index, de À bord à Zéro.
Nicole Vallée
LA LANGUE DANS LA CITÉ. VIVRE ET PENSER L’ÉQUITÉ CULTURELLE de Jean-Marie Klinkenberg
Les Impressions nouvelles, 2015, 320 p., 21 €
Dans la préface qu’il donne à ce remarquable ouvrage, Bernard Cerquiglini, alors
recteur de l’Agence universitaire de la francophonie, estime que ce livre, dont l’auteur
allie science et expérience, permet « d’alléger sa bibliothèque des ouvrages consacrés au
français », car il traite les questions du français et de la francophonie sous tous leurs aspects. Distinguer
Langue et langue ? Si dans « langue française », l’accent est mis sur française, n’est-ce pas renvoyer
simultanément à deux référents : une culture et un État ? Caractère identitaire, repli possible,
affrontements... D’autre part, « il revient fréquemment à la langue de signifier d’autres problématiques,
économique ou idéologique, par exemple ». La francophonie « veut faire contrepoids à la massification
mondiale et offrir une alternative à l’homogénéisation découlant de la globalisation ». Quel sera son destin ?
Rien n’échappe à l’auteur, des pouvoirs de la langue dans l’informatique, comme dans la vie économique, sans oublier la « réforme de l’orthographe ». Une somme, une réflexion puissante
qui explore parfois des domaines négligés ou obscurcis, et même l’instrumentalisation des langues
ou les détournements du vocabulaire à des fins politiques, sans omettre que le français appartient
à tous ceux qui l’ont « en partage ». Lévi-Strauss, cité par J.-M. Klinkenberg, ne disait-il pas : « La
langue est une raison humaine qui a ses raisons et que l’homme ne connaît pas » ?
Jacques Dhaussy
LE GRIS d’Annie Mollard-Desfour, préface de Philippe Claudel
CNRS Éditions, 2015, 318 p., 30 €
Comment définir le gris ? Est-ce vraiment une couleur ou seulement un entre-deux
indécis de noir et de blanc, une teinte équivoque presque neutre, un caméléon miombre
mi-lumière ? Le livre d’Annie Mollard-Desfour coupe court à nos hésitations.
Là où un rapide coup d’oeil ne voyait que grise mine, signes extérieurs de vieillesse,
symboles de tristesse, manque d’éclat et médiocrité, la littérature offre une
métamorphose. Ainsi, Philippe Claudel retient-il du gris la douceur qui estompe « toutes formes
tranchantes, mentales ou physiques. Le gris est la couleur de notre humanité, celle de la bête et de l’ange mêlés,
l’âme grise est joliment grise ». Il y a une prééminence du gris qui nimbe la nature, du sol jusqu’au
ciel, et se niche modestement partout, de l’Acier au Zinc, dans l’or et les perles, le granit, le tungstène,
le platine et le plomb. Le gris se faufile aussi dans ses dérivés, par exemple, cette délicieuse « griserie
de l’âme » qui n’est autre, pour Jean d’Ormesson, que la poésie. Mais on la rencontre aussi dans
une chanson de Brassens, « Les ventres-saint-gris, les joyeux jurons de jadis », et plus près de nous, dans
ce grisbi, auquel il ne faut pas toucher !
Le gris est sûrement l’oeuvre d’un alchimiste, trop multiforme pour être cerné, toujours prêt à
semer le trouble.
Monika Romani
POURVU QU’ON AIT L’IVRESSE d’Alain Rey, calligraphies de Lassaâd Metoui
Robert Laffont, 2015, 352 p., 30 €
N’allez pas vous effaroucher de pareil titre, droit venu d’un poème d’Alfred de Musset.
De quoi peuvent s’enivrer un éminent linguiste, lexicologue, philosophe du langage,
et un jeune mais déjà prestigieux calligraphe tunisien ? Mais de mots, de textes, de
poèmes, de passions, d’amour aussi, bien entendu... « De vin, de poésie ou de vertu, à
votre guise, mais enivrez-vous ! » Suivez le conseil de Baudelaire. Avez-vous observé que
le mot ivre contient les lettres de vie ? Suivez donc nos auteurs dans leur enivrant vagabondage de
Rabelais à Proust, de Saint-Amant à la Beat Generation, d’Érasme à Rimbaud, et n’hésitez pas entre
« plein comme un vélo (Suisse), aussi allumé qu’un arbre de Noël (Angleterre), voire paqueté comme un oeuf
(Québec)... Ah le bel et bon ouvrage !
Nicole Vallée
DICTIONNAIRE DU FRANÇAIS CLASSIQUE LITTÉRAIRE. DE CORNEILLE À CHATEAUBRIAND de Bruno Hongre et Jacques Pignault
Éditions Honoré Champion, « Champion classique », 2015, 784 p., 24 €
Comment lutter contre le rétrécissement actuel de la langue ? En lisant et relisant les
classiques du Grand Siècle et du siècle des Lumières. Car nous pratiquons une version
édulcorée de mots dont le poids ne s’obtient qu’à l’aide des « super, hyper, génial » et
autres adjuvants. C’est leur sens profond (ou « signifié de puissance » ) que nous pouvons tirer de
l’oubli à l’aide de ce dictionnaire, nous dit Jean Pruvost dans la préface.
Prenons par exemple « l’infamie » : la honte, le fait de perdre son honneur conduit le Cid à risquer sa vie ; mais aussi, plus proche de nous, cet « Écrasons l’Infâme » de Voltaire, lequel visait expressément
le fanatisme religieux et l’intolérance. Cherchons « ennui » et découvrons la gravité de cet état.
Car il s’agit d’un état désespéré, proche du désir de mort, tourment existentiel analysé par Pascal
et décrit par Racine comme ce mal qui « dévore » Bérénice. Que reste-t-il de « l’étonnement » ?
Une attitude superficielle par rapport à son sens premier, qui oscillait de l’épouvante à
l’émerveillement, c’est-à-dire de l’oraison funèbre de Bossuet au coup de foudre éprouvé par le
prince de Clèves. Où donc se sont dissipés les « soupirs » de la passion ? Qu’est devenu le statut du
soupirant ? Enfin, pourquoi l’ « industrie » a-t-elle tant perdu de sa complexité sémantique ? Une
fois encore, c’est la littérature qui seule peut nous délivrer de notre insoutenable légèreté.
Monika Romani
JARGONNIER CATHOLIQUE (DE POCHE) d’Edmond Prochain
Éditions de l’Emmanuel, 2015, 128 p., 14 €
Enfin, enfin, voici « la langue de buis décryptée à l’usage des croyants et autres mécréants »,
comme l’annonce fièrement son auteur, dont le pseudonyme signale qu’il essaie de
suivre le Christ et qui adopte cette injonction de François : « Le chrétien doit offrir un
visage joyeux, pas une face de piment au vinaigre. » Donc, de A à Z, voici les définitions ludiques de
plusieurs centaines de mots du jargon catholique. Amen : Soupir de soulagement à la fin d’une
prière jugée trop longue. Clergé : ... il se distingue principalement des corps sociaux laïques par le
fait qu’il ne se met jamais en grève. Intégriste : Individu tellement fidèle à l’Église que l’Église ellemême
n’est pas digne de lui. Jugement dernier : Sorte de grand oral de la fin des temps, qui ne doit
pas vous faire négliger le contrôle continu. Péché : Malentendu récurrent entre l’homme et Dieu.
Saint : Pécheur qui a réussi. Et pour terminer, chers lecteurs, « Le ciel vous tienne en joie... »
Nicole Vallée
Signalons aussi :
- DIRE, NE PAS DIRE. DU BON USAGE DE LA LANGUE FRANÇAISE. VOLUME 2, par la commission du Dictionnaire de
l’Académie française (Éditions Philippe Rey, 2014, 192 pages, 12 € ).
- LA PURISTE, de Catherine Choupin (Librinova, 2015 – pour liseuse – 240 p., 2,99 €).
- LES ESGOURDES DU TOUBIB. ARGOT ET MÉDECINE, de Jean-François Hutin (Éditions Glyphe, 2016, 232 p., 18 €).
- CAHIER DE GRIBOUILLAGES. LANGUE FRANÇAISE ET ORTHOGRAPHE, de Jean-Pierre Colignon (Éditions
Contre-Dires, 2016, 160 p., 13,90 €).
* * *
- Aux Éditions Larousse :
• LE PETIT LAROUSSE ILLUSTRÉ 2017, édition anniversaire pour fêter le bicentenaire de Pierre Larousse (2016,
2 046 p., avec carte d’activation pour l’accès à ce dictionnaire sur internet, 29,90 €).
• DICTONS ET PROVERBES LES PLUS TRUCULENTS LANGUE FRANÇAISE, de Daniel Lacotte (2016, 160 p., 12.99 €).
• L’ANTI-FAUTES D'ORTHOGRAPHE 100 % ILLUSTRÉ, de Jean-Yves Grall (2016, 256 p., 9,95 €).
- Aux Éditions de l'Opportun :
• 101 DICTÉES : 2 500 DIFFICULTÉS EXPLIQUÉES, de Bruno Dewaele, préface de Bernard Pivot (2016, 688 p., 19 €).
• 100 JOURS POUR NE PLUS FAIRE DE FAUTES ! GRAMMAIRE, ORTHOGRAPHE, CONJUGAISON, de Bénédicte Gaillard
(2015, 400 p., 15 €).
- LE GRAND LIVRE DE L'ORTHOGRAPHE. CERTIFICAT VOLTAIRE. TOUT POUR ATTEINDRE LE SCORE QUE VOUS VISEZ !, de
Dominique Dumas (Vuibert, 2e édition, 2016, 448 p., 25,90 €).
- 100 ANGLICISMES À NE PLUS JAMAIS UTILISER. C’EST TELLEMENT MIEUX EN FRANÇAIS, de Jean Maillet (Éditions
Le Figaro littéraire en collaboration avec les Éditions de l’Opportun, 2016, 160 p., 9,90 €)
- LES EXPRESSIONS GRECQUES ET LATINES, de Marie-Dominique Porée-Rongier (Éditions First , 2015, « Le
Petit Livre », 160 p., 2,99 €).
Nos adhérents publient
- Geneviève d’Angenstein,
directrice de l’École de la
courtoisie et du protocole,
nous invite à respecter les
bonnes manières – la
politesse, l’art de recevoir,
l’art de la table, la galanterie,
la vie de bureau, l’art de
communiquer... – dans Le
savoir-vivre est un jeu
(Librio, 2016, 96 p., 4 €).
- Culture et plurilinguisme, tel
est le sujet du premier
numéro des Cahiers de l’OEP,
coordonné par Christian
Tremblay et publié grâce au
partenariat des Éditions La
Völva et de l’Observatoire
européen du plurilinguisme
(202 p., 20 €). Jean-Claude
Amboise y signe un article sur
la chanson française, dont le
résumé – comme pour tous
les autres textes – est traduit
en deux langues.
- Axel Maugey : La France qui
nous rassemble. Et si les
Français reprenaient confiance
en eux (Éditions Eyrolles,
2016, 288 p. 17 €), vision
positive et optimiste de la
France d’aujourd’hui et de
demain.
- Dans L’Année francophone
internationale 2015-2016,
Dominique Hoppe signe un
long article « Confidences
débridées d’un francophone
convaincu » et Jean Pruvost
« Portrait de Michèle
Lenoble-Pinson : promouvoir
la langue française avec
rigueur et enthousiasme ».
Jean-Claude Amboise et Jean-
Pierre Colignon sont cités dans
la recension de l’ouvrage Le
français en chantant (voir
DLF, n° 258, p. 60).
- Achour Boufetta : Les Orties
domestiques, nouveau recueil
de poèmes, préfacé par Joël
Conte (Edilivre, 2016, 92 p.,
version papier 11,50 €,
version numérique 6,90 €).
- Un site universitaire sur
l’argot (cis01.central.ucv.ro
/litere/argotica/Argotica_
Fr.html), signalé par Joseph
de Miribel, qui y collabore.
- Cruciverbistes et autres
amateurs de jeux intellectuels,
amusants et gratuits,
joueront sur l’internet grâce
au 3e numéro des Mots de
tête, de Jean-Marie Dehan.
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