Défense de la langue française   
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DLF, n° 262


DICTIONNAIRE AMOUREUX DE L’ÉCOLE de Xavier Darcos, de l’Académie française
Plon, 2016, 656 p., 25 €
Une évidence s’impose à la lecture du Dictionnaire amoureux de Xavier Darcos : son amour pour l’école n’est pas aveugle. Perce dans maints articles un jugement sévère sur ce qu’est actuellement l’Éducation nationale. On n’en attendait pas moins de la part d’un homme qui a enseigné pendant vingt-cinq ans le français et la littérature à tous niveaux, du collège rural à l’université. Tristesse lucide en observant que le recul des études littéraires aura nécessairement un effet négatif sur la continuité culturelle entre les générations. Mais comment faire apprécier les textes classiques à des élèves qui ne maîtrisent pas bien la lecture, clé de tous les apprentissages ? L’auteur évoque alors avec amertume, mais non sans ironie, « les plans de bataille finissant en quenouille et les querelles à la gomme ».
Le sujet lui tient d’autant plus à coeur qu’il est en lien direct avec les inégalités engendrées par le système scolaire. « Le tri social reste inique, sur les trente-quatre pays de l’OCDE, la France se classe sur ce point à l’avant-dernière place. »
Et que dire du mépris affiché vis-à-vis des langues mortes, « qui ne sont pas mortes mais tuées » ! Ce sont pourtant de précieux instruments de l’égalité des chances, un atout pour apprendre la grammaire et l’orthographe. La charge de l’ancien ministre contre « les éternels pétitionnaires de la table rase, inusables imprécateurs professionnels depuis quarante ans », est sans indulgence. L’indignation et la déception exprimées mesurent à quel point il est exigeant pour notre École. Mais celle qu’il aime n’appartient-elle pas au monde d’hier ? La lettre L comme « Laïcité » laisse poindre quelque nostalgie. Après une synthèse de toute son histoire combattante, l’auteur évoque la détermination de grandes figures telles que Jules Ferry et Ferdinand Buisson, et se demande si nous manifestons aujourd’hui la même volonté...
Est-ce à dire que notre chère École vieillit mal ? L’entrée « Ennui » est instructive : « Le malaise adolescent est parfois plus profond et plus fréquent que naguère. » À cela, il y a des raisons multiples. Peut-on remédier à ces maux ? Le Dictionnaire ouvre des pistes. Lire « Scandinavismes », exposé des méthodes de nos voisins nordiques, et « Réformer, leitmotiv », où l’ancien ministre relate longuement avec humour comment l’institution retisse inlassablement « la toile de Pénélope » de notre système éducatif. Monika Romani

DICTIONNAIRE DES MOTS MANQUANTS, dirigé par Belinda Cannone et Christian Doumet
Éditions Thierry Marchaisse, 2016, 214 p., 16,90 €
Il a fallu quarante-quatre auteurs pour essayer de nous proposer divers mots, qui devraient exister dans notre langue pourtant si riche... pourquoi se sont-ils lancés dans cette aventure ? Tout simplement parce qu’ils ont éprouvé quelques manques en cherchant à s’exprimer de la façon la plus précise, voire la plus subtile. Et vous, cela ne vous est-il pas advenu ? Cependant, il ne s’agit pas ici de vous « fournir » des réponses, des listes de mots « manquants », mais de réfléchir à ces notions pour lesquelles nous n’en avons pas. Un orphelin n’a pas de parents, mais les parents qui ont perdu un enfant ? Et qu’y a-t-il entre amour et amitié ? Comment qualifier les formes si diverses de l’intelligence ? Le passage de la vie à la mort ? Un je-ne-sais-quoi ? Une nuit sans sommeil ? Où est le pronom universel, ni je ni on, ni nous ? Comment dire le contraire de la nostalgie ? Note sur les auteurs [parmi lesquels, notre administrateur François Taillandier]. Index des entrées. Index des termes. Nicole Vallée

AU SECOURS ! LES MOTS M’ONT MANGÉ, de Bernard PIVOT, de l’Académie Goncourt
Allary Editions,, 2016, 104 p., 18,90 €
Mangé par les mots ? Bernard Pivot ? Non, il en est plutôt obsédé, passionné. Il les aime et, grâce à Dieu, nous fait partager sa passion. Il l’avoue : il préfère en être le maître plutôt que l’esclave, même s’il les respecte, tient à ne pas les froisser et à collaborer avec eux dans l’exactitude et la justesse les plus scrupuleuses. Ici, un brin comédien, puisqu’il écrit pour la scène et joint un DVD qui le prouve éloquemment, il joue avec eux en racontant sa vie, « en se laissant aller de temps à autre à la fantaisie, à la loufoquerie, à une vision ébouriffante de la réalité ». Si la nuit tous les mots, comme les chats, sont gris, ils peuvent dans la journée s’imposer de manière insistante, indiscrète, agaçante, comme nonobstant ou attendu que, qui donnent lieu à une saynète désopilante. Suite de réflexions cocasses sur la féminisation des noms de métiers : un carabin, une carabine..., de situations imaginaires : « Oh le beau tableau que ce jardinier effeuillant sa jardinière ! », de « mots-chèvres » c’est-à-dire capricieux, têtus, rebelles... Chaque page donne une occasion de pouffer, bref un vrai bonheur ! Merci à l’auteur de ces bons moments offerts par l’ancien maître d’ « Apostrophes », aujourd’hui de l’académie Goncourt, même sans tatouage, même déconnecté (explications dans ce volume plein d’esprit) ! Jacques Dhaussy

ANTHOLOGIE DE LA PROSE FRANÇAISE, de Suzanne Julliard
Éditions de Fallois, 2015, 1 088 p., 22 €
Une oeuvre de désir, celui de lire et relire ces cent cinquante auteurs présentés par Suzanne Julliard, professeure de lettres ; voilà comment nous apparaît d’emblée cette anthologie de cinq siècles de la prose française. Le fil conducteur est l’ordre thématique, permettant la présence réitérée d’un même écrivain étudié sous des angles différents, par exemple, Proust, Balzac, Chateaubriand, Flaubert, Hugo, Montaigne... Car la consultation de la table des matières annonce la richesse remarquable de tous les états de la prose, oratoire, poétique, épistolaire, moraliste, etc.
Chaque facette est introduite par un exposé lumineux qui donne envie de redevenir étudiant. Citons en particulier le chapitre très divertissant sur la littérature satirique héritée des Latins, qui s’énonce de Rabelais à Muray avec quelques pages finales assassines extraites du Journal de Claudel ! Mais aussi la partie consacrée à la critique, qui clôt le recueil, et permet entre autres de savourer un fort élogieux article de Balzac sur La Chartreuse de Parme, une analyse de Madame Bovary par Baudelaire, ou le brillant commentaire de la passion chez Racine signé Giraudoux. Monika Romani

LE POURQUOI ET LE COMMENT DES EXPRESSIONS FRANÇAISES. PETIT INVENTAIRE INSOLITE POUR LES AMOUREUX DE LA LANGUE FRANÇAISE, de Delphine Gaston-Sloan
Larousse, 2016, 512 p., 14,95 €
Sans peut-être nous en rendre compte, nous agrémentons notre langage quotidien d’expressions souvent très simples, familières, voire plus rares, savantes, précieuses même, pas toujours immédiatement compréhensibles... Avoir le cafard ; mettre la puce à l’oreille ; tirer les marrons du feu ; c’est la fin des haricots ; jeter le bébé avec l’eau du bain ; dormir en chien de fusil... En voici donc près de 500, que vous allez retrouver ou découvrir. Pour chacune, ce superbe ouvrage, bien imprimé, admirablement mis en pages, vous donne, évidemment, sa signification, mais aussi son contexte, son origine, et aussi ses détournements et ses équivalents dans diverses autres langues. « Porter au pinacle », certes, mais qu’est-ce qu’un pinacle ?1 Quel est ce « fil que l’on perd » ?2 Quel auteur a inventé « l’esprit de l’escalier » ?3 « Il n’en fiche pas une rame. »4 Sommaire (par thèmes). Index. Regrettons l’absence de bibliographie. Ainsi, p. 429 est « mentionné » l’un de nos fondateurs, Maurice Rat. Sans plus... Nicole Vallée

1. Le faîte d’un édifice. 2. Celui d’Ariane. 3. Diderot. 4. Une « ramée », un fagot de bois.

« QUE VOTRE MOUSTACHE POUSSE COMME LA BROUSSAILLE ». EXPRESSION DES PEUPLES, GÉNIE DES LANGUES, de Muriel Gilbert
Ateliers Henry Dougier, 2016, 144 pages, 14,90 €
Quoi, comment, qui a dit ça ? La couverture d’un délectable ouvrage vous le révèle d’emblée. Ce tour du monde des dictons va vous surprendre, vous charmer, vous égayer... Quand vous dites : « Mon oeil ! », le Britannique répond : « Mon pied ! ». Si chez nous « la nuit tous les chats sont gris », en Slovénie « les vaches sont noires ». Nous sommes invités à « laver notre linge sale en famille », en Russie « il ne faut pas sortir les ordures de l’isba ». Mais que signifie, et où cela, être « plus laid qu’une voiture vue du dessous » ?1 Où trouve-t-on « le couvercle de sa casserole » ?2 Qu’est-ce donc que « l’argent braguette » ?3 Ne vous formalisez pas d’être hélé d’un « Veux-tu que j’te chauffe ? »4 Et des dizaines d’autres... Un agréable cadeau d’une efficace correctrice du Monde, « heureuse comme un poussin dans les ordures »... au Brésil. Bibliographie, blogs et sites. Nicole Vallée

1. « Être moche comme un pou » en Colombie. 2. « Chaussure à son pied » au Brésil. 3. Les allocations familiales, outre-mer. 4. Proposition (honnête) d’un taxi québécois en maraude.

DIRE, NE PAS DIRE, DU BON USAGE DE LA LANGUE FRANÇAISE, VOLUME 2. par l’Académie française
Éditions Philippe Rey, 2015, 192 p., 12 €
Nos quarante immortels, secondés par leurs meilleurs linguistes, viennent une fois de plus à notre secours, en nous signalant plus de 150 emplois fautifs, néologismes aberrants, expressions plus que douteuses, anglicismes superflus qui agrémentent nos conversations, voire nos écrits... sans oublier les fotes de prononciation, sur lesquelles on sarqueu-boute, le lindi, en lisant Ouesteu-France...
Je me contenterai aujourd’hui, sans craindre le Nicole bashing, de vous citer quelques irrévocables exemples de ce que vous ne devez surtout pas dire (mais c’est bien sûr). À vous de corriger : « Noir de geai. Un vol domestique. Tacler un adversaire politique. Ce coin est peureux. Shooter un mail. Trouver le bon timing. La problématique des déchets. Abonder le débat. Un appareil photo digital. » Nicole Vallée

LES CAHIERS DE L'OEP NO 1. PREMIER SEMESTRE 2016. CULTURE ET PLURILINGUISME coordonné par Christian Tremblay
Éditions La Völva, « Actes, colloques et revues », 2016, 192 p., 20 €
Ce premier numéro de l’Observatoire européen du plurilinguisme s’articule autour de quatre thèmes développés par dix-sept auteurs spécialistes de leur sujet : Traduction et dialogue des cultures – Le plurilinguisme comme projet culturel – Diversité, créativité et imaginaire – Diversité linguistique comme droit fondamental ; avec des traductions en allemand, anglais, espagnol ou italien ; pour mieux saisir les enjeux culturels du plurilinguisme, ou (entre autres) les subtilités de la traduction littéraire. Véronique Likforman

DICTIONNAIRE DES TERMES RARES ET LITTÉRAIRES de Jean-Christophe Tomasi, nombreuses illustrations d’époque
Éditions Chiflet et Cie, 2015, 320 p., 25 €
La langue française n’a pas fini de nous surprendre et de nous enchanter. Qui va nous le démontrer irréfutablement ? Rien de moins qu’un docteur ès sciences et professeur de mathématiques, lequel s’en est allé extraire de chez nos meilleurs auteurs quelque 800 mots rares, précieux, inédits souvent, oubliés par nos dictionnaires usuels et toujours cités dans leur contexte littéraire... Vous ne me croirez sans doute pas ? Naturellement vous savez ce qu’est un bulbul et qui en a parlé ?1 Un endriague ?2 Un gastrolâtre ?3 Un psylle ?4 Index. D’Abadir à Zaïle, en passant par élémosinaire... mandroboulos... scramasaxe... Nicole Vallée

1. Bulbul : rossignol d’Orient (Gide). 2. Endriague : monstre fabuleux (Théophile Gautier). 3. Gastrolâtre : celui qui voue un culte à la bonne chère (Balzac). 4. Psylle : charmeur de serpents (Nerval).

Signalons aussi :
  • LES LETTRES GRECQUES ET SIMILAIRES, sous la direction de Claude Gruaz, avec la contribution de l’Érofa (Études pour la rationalisation de l’orthographe du français actuel) (Lambert-Lucas, 2015, 190 p., 18 €).
  • * * *
  • RETOUR SUR L’ACCORD DU PARTICIPE PASSÉ, ET AUTRES BIZARRERIES DE LA LANGUE FRANÇAISE, de Martine Rousseau, Olivier Houdart, Richard Herlin (Flammarion, 2016, 320 pages, 17 €).
  • L’ACADÉMIE CONTRE LA LANGUE FRANÇAISE. LE DOSSIER FÉMINISATION, par Éliane Viennot, Maria Candea, Yannick Chevalier, Sylvia Duverger, Anne-Marie Houdebine (IXE, « xx-y-z », 218 p., 17 €).
  • LA FABRIQUE DES MOTS. COLLOQUE DE CERISY-LA-SALLE, sous la direction de Christine Jacquet-Pfau et Jean- François Sablayrolles (Lambert-Lucas, 2016, 380 p., 39 €).
  • L’EXPRESSION DE LA MANIÈRE EN FRANÇAIS, d’Estelle Moline et Dejan Stosic (Ophrys, « L’essentiel français », 2016, 216 p., 18 €).
  • LANGUE ET TECHNIQUE, de Pierre Lerat (Hermann, 2016, 106 p., 22 €).
  • DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE, d’Alain Rey (Le Robert, nouvelle édition 2016, 2 808 p., 109 € et Appli pour iPhone/iPad, prix de lancement : 49,99 €).
  • MAUVAISE LANGUE, de Marc Cassivi (Éditions Somme toute, Montréal, 2016, 101 p., liseuse, 8,99 €).
  • LE POINT SUR LA LANGUE. CINQUANTE ESSAIS SUR LE FRANÇAIS EN SITUATION, de Louis Cornellier (VLB éditeur, Montréal, 2016, 184 p., 19.95 $ CA).
  • L'ORTHOGRAPHE RECTIFIÉE. LE GUIDE POUR TOUT COMPRENDRE, de Bernard Cerquiglini (Librio et Le Monde, 2016, 96 p., 3 €).
  • LE FABULEUX DESTIN DES NOMS PROPRES DEVENUS COMMUNS, de Jean Maillet (Le Figaro littéraire, « Mots & Cætera », 2016, 136 p., 12,90 €).
Nos adhérents publient
  • Bonne nouvelle : L’humour du côté de chez Proust, d’Hippolyte Wouters a séduit un éditeur (Glyphe, « Classiques oubliés », 2016, 160 p., 12 €) et s’est enrichi d’une préface d’Erik Orsenna, de l’Académie française !
  • François Taillandier publie Jésus, biographie, chemin méditatif, qui tourne autour d’un mystère et finit par une touche pleine d’espérance.
    (Perrin, 236 p., 17 €).
  • Bernard Fournier, déjà auteur d’une thèse sur la modernité de Beethoven et d’une somme sur le quatuor à cordes (Fayard, 4 volumes 1990-2010), annonce son dernier ouvrage Le Génie de Beethoven (Fayard « Les chemins de la musique », 440 p., liseuse 15,99 €, broché 23 €).
  • Très beau livre à l’ancienne des Fables de La Fontaine (First, 2016, 194 p., 16,95 €), illustrées par Chaunu, choisies, commentées par Jean-Joseph Julaud, et complétées avec la fable ou le texte d’origine. À mettre dans toutes les mains.
  • Traduction et Implicites idéologiques, sous la direction d’Astrid Guillaume, préfacé par Michaël Oustinoff (Éditions La Völva, 2016, 200 p., 24 €). « Tous les jours, des milliards de messages sont diffusés sur tous les supports et dans toutes les langues [...]. Dans ce contexte, le rôle du traducteur est capital... »
  • Parfums inattendus (Éditions de la Roque, 2016, 206 p., 20 €), d’Anne-Marie Flamant-Ciron, roman d’intrigue et de mythes antiques. Pour plus d’informations : dlf.bor deaux@yahoo.fr.
  • Voici le quatrième ouvrage de Marc Rousset : Adieu, l’Argent-roi. Place aux héros européens (Godefroy de Bouillon, 2016, 500 p. 37 €), « un livre de référence sur l’antinomie argent/héroïsme encore plus important à l’heure du terrorisme islamiste ! »
  • Original ! Un Taxi dans Paris (Temps présent, 2016, 232 p., 18,50 €), par François Vaillant, philosophe de formation, devenu chauffeur de taxi. Amoureux de la capitale, il en fait découvrir des lieux insolites et rapporte avec humour anecdotes et confidences de ses clients.
  • Avec Cher Arthur... Nadine Najman décrit Rimbaud dans son environnement familial, amical et socio-politique
    (Édition du bout de la rue, 2016, 246 p., 15 €).
  • Christian Massé édite Le Journal retrouvé (Christian Massé/Julien Viaud, 2016, 82 p., 15 €). L’auteur nous dit de son nouveau livre : « C’est l’usure de la plume. C’est l’écriture continue, n’importe où, n’importe quand. »
  • Avec Fragments d’archives sous la neige (Éditions du cygne, 2016, 78 p., 12 €) Dominique Aguessy poursuit sa quête d’absolu.
  • La Richesse inouïe des langues, tel est, après le remarquable Alphabet du monde, le nouvel opuscule d’André Cherpillod (Édition La Blanchetière, 72320 Courgenard, 22 p., 1,50 €), où l’auteur-éditeur (andre.cherpillod@wanadoo. fr) analyse les différentes langues et affirme que le français est « l’une des grandes langues de culture du monde ».
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