Intervention à la Maison de la Francité
pour le lancement de DLF Bruxelles-Europe Marceau DÉCHAMPS

Intervention Bruxelles le 6 avril 2005

Notre association est née en 1952 à l’initiative de M .Paul Camus. Il était ingénieur de Centrale et reconverti au journalisme. Inquiet de la dérive de la qualité de la langue française dans la presse il créa tout d’abord le cercle de presse Richelieu qui regroupait des journalistes décidés à militer pour la qualité de la langue française. Ce cercle s’étendit à d’autres couches professionnelles et constatant l’intérêt général d’un grand nombre de Français pour cette cause, il déclara officiellement l’association Défense de la langue française en 1958.
Elle compte actuellement 3200 adhérents cotisants et 4000 abonnés à notre revue Défense de la langue française. Nous comptons 300 adhérents à l’étranger, dont bien entendu des Français expatriés mais aussi des étrangers amoureux ou curieux de notre langue.
Nos activités sont conformes aux buts figurant dans nos statuts :
« L’Association a pour but la défense et le rayonnement de la langue française sur le plan national et sur le plan international »
Elle est parfaitement apolitique (nous n’avons pas donné de consigne de vote pour le référendum) et laïque.
Mme Guillemette Mouren va vous parler de nos animations et notre revue ainsi que de l’appui des pouvoirs publics pour certains de nos concours.
Pour la défense nous agissons en militant en intervenant pour dénoncer les maltraitances constatées dans tous les domaines de la consommation, du travail et de la communication.
Nous disposons également de moyens de droit donnés par la loi du 4 août 1994, dite loi Toubon, dont nous usons en dernier ressort. Nous sommes agréés pour nous constituer partie civile dans le cadre de l’application de cette loi. Nous bénéficions du soutien de la Délégation générale à la langue française et, par voie de conséquence, du ministère de la Culture.
Les attentes de nos adhérents et le degré d’exigence linguistique sont variés. Pour éviter les excès nous avons adopté une devise qui figure sur chacune de nos revues : Ni purisme, ni laxisme.
Vouloir valoriser sa langue et vouloir la défendre est une démarche qui procède des ressorts les plus profonds des citoyens conscients de leur histoire et de leur devenir. L’historien Michelet déclarait dans son « Tableau de la France », « l’histoire commence avec la langue française. La langue est le principal signe de la nationalité »
Les Français ont peut-être un rapport privilégié avec leur langue mais nous sommes convaincus que tous les peuples d’Europe ont un attachement fort à la leur. J’emprunterais d’ailleurs au grand écrivain allemand, Goethe, la belle pensée :
« L’âme d’un peuple s’exprime dans sa langue »
Pendant longtemps, notre association n’a eu principalement que des préoccupations franco-françaises.
Mais depuis une décennie la construction de l’Europe et les pratiques linguistiques constatées au sein des institutions européennes en ont déplacé une grande partie vers Bruxelles.
Soyons clairs et nommons le danger. C’est celui de voir s’imposer l’anglais comme langue unique des institutions (c’est déjà le cas pour la BCE) ou d’imposer un bilinguisme de fait dans tous les pays d’Europe. Nous refusons bien entendu cette hégémonie et cette béquille obligée à nos langues nationales.
La diversité culturelle et linguistique est une richesse de l’Europe. Nous ne pouvons accepter les seuls arguments de coût, de rationalité, d’efficacité. Avec ces seules considérations, l’Europe auraient-elles ses cathédrales, sa musique, sa peinture sa littérature ?
Le projet de traité constitutionnel comporte à l’alinéa 3 de l’article I-3 l’engagement suivant : « elle [l’Union] respecte la richesse de sa diversité culturelle et linguistique... »
Nous comprenons bien que pour fonctionner les institutions devront trouver des compromis raisonnables mais nous resterons vigilants sur l’application du principe énoncé si le traité était ratifié.
Notre association a toujours cherché à promouvoir le multilinguisme. L’intérêt pour notre langue nous amène naturellement à nous intéresser et à respecter celle des autres. Nous avons d’ailleurs parmi nos adhérents de nombreux polyglottes et des professeurs de langues étrangères.
Pour promouvoir ce multilinguisme européen nous avons déjà noué des relations d’amitiés et d’action avec l’association allemande Veiren deutsche sprache. Nous avons tenté de trouver des associations homologues dans les autres pays de l’Union européenne, mais sans succès.
Peut-être, la nouvelle section de Bruxelles, car j’y viens maintenant, pourra-t-elle dans cette ville où se côtoient toutes les nationalités de l’Union européenne, trouver des interlocuteurs soucieux de défendre eux aussi leur langue nationale.
Ainsi donc Claire Goyer et Roger Vancampenhout ont décidé de créer une section de Défense de la langue française à Bruxelles. C’est une heureuse initiative que tout le conseil d’administration soutient et encourage. Bruxelles est ville illustre de la Francophonie et une grande une place internationale. Quel meilleur endroit pour y défendre à la fois la langue française et le multilinguisme et aussi, quel meilleur poste d’observation des pratiques linguistiques des institutions européennes ?
Nous souhaitons bon vent à la section de Bruxelles avec nos souhaits les plus sincères et cordiaux de réussite.
Marceau Déchamps
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