BRUXELLES, 30 mai 2012 (AFP) - Grosse colère des journalistes français en poste à Bruxelles mercredi à la lecture des recommandations économiques de la Commission européenne pour les 27 Etats membres, car tous les documents ont été publiés en anglais.

Jean Quatremer, correspondant historique du quotidien Libération, a sonné la charge dans un courriel de protestation adressé au service du porte-parole de la Commission.

"Encore une fois, tous les documents publiés aujourd'hui sont uniquement en anglais. C'est inacceptable", écrit-il.

"Je ne vois pas au nom de quoi la presse anglo-saxonne bénéficie ainsi d'un incroyable avantage compétitif sur l'ensemble des autres médias et je ne vois aucune raison pratique à cette incapacité de la Commission à effectuer ce travail. J'ai connu une époque où le tout anglais n'était pas la règle et où, miracle, les documents sortaient quand même à temps en anglais", a-t-il souligné.

"La Commission a des pouvoirs dans le domaine de budgets nationaux, domaine extrêmement sensible. Le droit d'être informé dans sa propre langue des sacrifices budgétaires et sociaux que demande l'exécutif communautaire me paraît un minimum", a-t-il conclu.

"Le budget c'est le coeur de la souveraineté des Etats. Je veux pouvoir lire dans ma langue ce que l'Union en dit", a-t-il ensuite insisté sur son compte twitter.

Sa protestation a reçu le soutien de la plupart de ses confrères francophones mais pas seulement. "Quite Right" (Tu as tout à fait raison), lui a ainsi répondu sur twitter le correspondant du quotidien britannique Daily Telegraph à Bruxelles, Bruno Waterfield.

"Les traductions suivent", a assuré à l'AFP un des responsables du service du porte-parole.

La somme de documents publiés mercredi par la Commission représente 1.500 pages, a souligné le président de la Commission européenne José Manuel Barroso au cours de sa conférence de presse.

Le français est une des trois langues de travail des institutions européennes, avec l'anglais et l'allemand.

La protestation des journalistes français a aussi amusé quelques journalistes anglo-saxons. "La vraie insulte à la France ce n'est pas de lui dire de faire des réformes, mais de publier ses recommandations en anglais", a ainsi ironisé le correspondant de l'hebdomadaire The Economist sur son compte twitter.

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AFP