Défense de la langue française   
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Éditorial N° 196

par : Jean DUTOURD de 1 'Académie française

LES FÉLICITATIONS DU PRÉSIDENT
LE PRIX RICHELIEU À BRUNO DE CESSOLE
Ce qui est délicieux avec Bruno de Cessole, c'est qu'on est sûr que jamais, avec lui, on ne remettra les pendules à l'heure, on ne calmera le jeu, on ne frissonnera devant la montée en puissance des crottes de chien sur les trottoirs, on ne se lamentera au spectacle de l'usure du pouvoir, bref, qu'on ne vivra pas au milieu de cette forêt de fers de lance et de bombes à retardement qu'est actuellement la presse française.

Mérimée disait aux jeunes écrivains qui lui demandaient conseil « Faites banal. » Banal, évidemment, ne veut pas dire commun. C'est même tout le contraire. Dans le style, la banalité, c'est l'élégance de Brummell, dont le triomphe était de passer inaperçue. Bruno de Cessole, dans ce sens, est un élève de Mérimée, lequel lui a appris, subsidiairement, que si l'on cherche le secret de l'insolence, de l'irrespect, de la liberté d'esprit, on ne peut le trouver que dans la langue française telle qu'elle a été formée par quatre siècles et non pas dans le charabia ou le sabir que l'on parle et que l'on écrit depuis trente ans.

Pour récompenser Bruno de Cessole d'être insolent, d'être irrespectueux, de penser librement, comme un loup au milieu des moutons du XXIe siècle, de ne pas remettre les pendules à l'heure et de dédaigner de calmer le jeu, en un mot, pour le récompenser de faire honneur à la presse française et d'en être même un de ses héros, Défense de la langue française lui offre, avec ses félicitations et sa gratitude, le prix Richelieu. C'est une médaille dont le seul inconvénient est d'être trop grande et trop lourde pour être portée sur la poitrine avec un ruban.

Jean DUTOURD
de 1 'Académie française
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