Défense de la langue française   
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Éditorial N° 207

par : Jean DUTOURD de 1 'Académie française

la langue française, c’est la liberté

Dans la suppression progressive de l’enseignement de la littérature, il n’y a pas seulement de la bêtise, il y a un complot, dont le but est de supprimer l’esprit critique chez les jeunes gens, lequel est, justement, enseigné par la littérature, et plus que tout, par la littérature française qui a été au fond de toutes les idées.

Former des petits littéraires, c’est faire des esprits qui raisonnent, donc des esprits libres, donc des esprits dangereux.

Former des petits matheux, des petits chimistes, des petits physiciens, bref, ce qu’on appelait autrefois des savants et, à présent, des scientifiques, c’est faire des esprits bornés à leur spécialité, qui consiste à peser, à mesurer, à ne s’occuper que de la matière, à la décrire, à inventer des combinaisons génétiques nouvelles. De ces activités, l’esprit, c’est-à-dire la réflexion sur la vie, le monde, l’homme intérieur, le destin, la liberté et l’esclavage, la probité intellectuelle, l’esprit est absent.

Le progrès, dont le premier méfait a été de tuer les peuples et de les transformer en masses, est incompatible avec l’esprit critique. Il ne tolère que des ilotes émerveillés par lui, l’admirant sans réserve, et à qui il faut enseigner un langage d’ilote, réduit à deux cents mots, ce qui suffit pour les besoins élémentaires, ou l’énoncé des problèmes d’arithmétique, mais pas pour trouver une idée.
Jean DUTOURD de 1 'Académie française
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