Défense de la langue française   
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Éditorial N° 214

par : Jean DUTOURD de 1 'Académie française



Comme toutes ses œuvres, le nouveau roman de Jean Dutourd, Journal intime d’un mort (Plon, 2004, 148 p., 16 €), est émaillé de pensées philosophiques et littéraires.
En voici deux exemples, respectivement extraits des pages 73 et 101.
Jadis, quand j’étais un homme, je me plaignais constamment parce que, trouvais-je, la vie rabâchait, reproduisait dix fois, cent fois les mêmes événements, les mêmes situations. À moi qui me piquais de tout comprendre à demi-mot, cela paraissait bien fastidieux. De là mon goût pour les romans (les bons, bien sûr, ceux de Balzac, Dickens, Dostoïevski) qui courent tout droit à l’essentiel, sans un mot de trop, sans une répétition. Bref, je trouve que la vie est bien plus rapide et saisissante quand elle est racontée par un homme de génie que quand elle est fabriquée, vaille que vaille, au jour le jour, par l’humanité. Toutefois ces belles aspirations ne m’empêchaient pas de radoter, moi aussi, peut-être un peu moins que les autres, mais encore pas mal, d’ajouter mes propres radotages au grand radotage du monde.
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Je hais les clichés : mon expérience terrestre m’a enseigné que, sous leur apparence anodine ou convenue, c’est autant de mensonges que l’homme se fait à soi-même et à autrui. La réalité n’est jamais semblable aux banalités du langage. Elle est même le contraire.
Jean DUTOURD de 1 'Académie française
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