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Éditorial N° 235
M. Angelo Rinaldi, de l’Académie française,
a été élu président de Défense de la langue
française, en remplacement de M. Jean
Dutourd, qui lui avait demandé de lui
succéder.
Écrivain et journaliste, Angelo Rinaldi est né
en 1940 à Bastia (Corse). Après ses études
dans cette ville, il entre comme journaliste à
Nice-Matin et à
Paris-Jour. Il se consacre à la
critique littéraire et travaille successivement
dans les hebdomadaires
L’Express,
Le Point,
Le Nouvel Observateur. Il sera
nommé directeur littéraire du
Figaro et responsable du
Figaro littéraire.
Écrivain, il a publié des romans, notamment
La Loge du gouverneur,
La
Maison des Atlantes (prix Femina 1971),
Les Dames de France,
L’Éducation
de l’oubli,
La Dernière Fête de l’Empire,
Les Jardins du consulat,
Les Roses de
Pline,
La Confession dans les collines,
Dernières nouvelles de la nuit,
Tout ce
que je sais de Marie,
Résidence des Étoiles, ainsi que
Service de presse, recueil
de ses chroniques littéraires.
Il a été élu à l’Académie française en 2002.
Pour connaître la pensée de notre nouveau président au sujet de ce qui
nous préoccupe, nous avons eu la curiosité de nous reporter au discours
de réception qu’il a prononcé sous la Coupole le 21 novembre 2002, et
nous y avons relevé trois passages.
• Sur les dialectes, notamment le corse :
«
Quelques victimes d’une sorte de régression infantile s’efforcent, là-bas, de
promouvoir, au détriment du français, un dialecte certes inséparable de la
douceur oedipienne des choses, mais dénué de la richesse de la langue de
Dante. À la surface des sentiments et des idées, le dialecte ne creuse pas plus
profondément qu’une bêche, quand il faut, pour atteindre les profondeurs,
les instruments du forage d’une langue à chefs-d’oeuvre, telle que le français,
dont la garde, la défense et l’accroissement des richesses vous incombent. »
• Sur la politique linguistique
de la Commission européenne :
«
De Bruxelles, qui est en Belgique, où il y a aussi
Waterloo et quantité de cases de l’oncle Tom, ne
cessent de partir les assauts contre la langue
française, livrés par les tenants d’un idiome
unique, c’est-à-dire l’anglais. La Commission
européenne ne cherche-t-elle pas, maintenant, à
l’imposer au monde de la publicité, au motif qu’il
serait facilement compris de tous ? Par les
technocrates, on n’en doute pas. »
• Sur la francophonie :
Vous détenez un aspect de la singularité du nôtre [de notre pays], et
peut-être, au rythme où fond la souveraineté nationale, en aurez-vous, entre
les mains, sa dernière parcelle – en fait la plus précieuse, qui est même audessus
des constructions juridiques. La francophonie est une patrie sans
rivages ni frontières. Qui use du français, ou qui l’adopte, en est le citoyen
de plein droit, et notre égal. On a distingué savamment entre le droit du
sang et le droit du sol. Vous inventez un droit du songe qui, à travers le
langage, nous raccorde à ces légendes dont un poète a pu dire que, s’il en
était privé, un pays se condamnait à mourir de froid. »
Jacques Dargaud
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