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Éditorial N° 237
Aux Plumiers d’or
Notre président Angelo Rinaldi, de l’Académie française, était
l’invité d’honneur de la Marine nationale, à l’occasion de la
remise des prix du Plumier d’or 2010, le 12 mai, dans les
somptueux salons de l’hôtel de la Marine.
L’Académie française, qui n’a que trois siècles et demi, est assez mal
connue, un peu comme une institution qui serait dans les nuages.
En fait, notre pays a élevé un palais à la gloire de la nuance, à la gloire
de la précision des termes : c’est l’Académie française – qui est
composée de quarante membres. Ces quarante membres, quelquefois
regardés comme des conservateurs un peu rancis, deviennent tous
des génies dès qu’ils ne sont plus que trente-neuf et qu’il y a un
nouveau poste à pourvoir.
Nous nous réunissons le jeudi et nous travaillons dès 9 heures et
demie pour la commission du Dictionnaire. La tâche de cette
commission consiste à recevoir les mots nouveaux, communiqués
par toutes les administrations, y compris la Marine, d’ailleurs. Nous en vérifions la définition et, si ces mots sont scientifiques ou juridiques,
il arrive que nous demandions à quelques-uns de nos confrères de
la préciser.
Outre la préparation du Dictionnaire, nous attribuons des prix. Je
dois vous dire que l’Académie est très riche et qu’en même temps
nous sommes très pauvres, parce que l’argent qui transite chez nous
nous le donnons aux autres, pour des fondations ou des prix
littéraires.
Je suis venu rendre hommage à votre talent, car parmi vous figurent,
j’en suis certain, des écrivains de demain. C’est l’hommage de toute
l’Académie française que je vous transmets, et particulièrement celui
de notre secrétaire perpétuel. Mme Hélène Carrère d’Encausse m’a
prié de vous saluer tous, sans oublier, dit-elle (c’est là que l’on voit
ses origines), sans oublier les professeurs. C’est un hommage
particulier à l’intérieur d’un hommage général à vous, les lauréats,
et à la langue française.
Il n’y a pas de langue supérieure à d’autres, mais il y a des
particularités pour certaines langues.
Pourquoi le français a-t-il cette beauté ? Parce qu’en français le mot
cesse d’être un terme pour devenir une parole, c’est-à-dire qu’il a
une valeur qui va au-delà de la définition exacte, et, cette valeur, c’est
d’être élégant et de laisser une marge d’illusions infinies dans laquelle
l’imagination et le sentiment peuvent vagabonder à notre gré. C’est
aussi une ouverture à l’esprit dont vos travaux témoignent, et je vous
en félicite.
Angelo Rinaldi
de l’Académie française
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NDLR Angelo Rinaldi vient de publier Dans un état crititique, recueil
de 120 chroniques parues au Nouvel Observateur entre 1998 et 2003
(La Découverte, « Les empêcheurs de penser en rond », 408 p., 20 €).
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