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Éditorial N° 241
Au président
Philippe Beaussant
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Natif de Bordeaux, Philippe Beaussant a
vécu à Toulon où il a été animateur
culturel et a fait jouer et mis en scène
Shakespeare et Molière. Son premier livre,
Le Jeu de la prière et de la foi, sur l’art
roman, est publié en 1965. Mais, c’est la
musique – sa passion –, la musique baroque en particulier,
qui lui a inspiré la plupart de ses oeuvres. En Australie,
pendant cinq ans, il enseigne le français, préside l’Alliance
française, ouvre en 1968 une maison de France à Adélaïde,
crée un ensemble instrumental et vocal consacré à la musique
française des XVII
e et XVIII
e siècles et monte avec ses étudiants
l’
Armide de Lully. En 1986, Philippe Beaussant fonde le
Centre de musique baroque de Versailles (CMBV), mais c’est
la radio qui a été son instrument privilégié pour faire
connaître les musiciens baroques français et italiens, sur
France Musique et Radio Classique. Depuis 1974, il est
producteur à Radio France, station qui a diffusé ses
chroniques très documentées et pédagogiques sur la
musique baroque. Il a animé pendant plusieurs années
Le
Matin des musiciens sur France Musique.
Il s’intéresse aussi à la langue française et plus particulièrement
à son vocabulaire, comme le montre cet extrait de l’un de ses
passionnants ouvrages –
Le Roi-Soleil se lève aussi –, dans
lequel Philippe Beaussant, après avoir noté l’évolution du
sens du mot
valet, affirme : «
Méfions-nous des mots. C’est à peine si leur carapace change quelquefois un peu avec
l’orthographe : mais ce dont ils parlent s’est transformé avec les
choses, avec les manières de vivre, avec les moeurs, avec les pensées.
Les mots sont pleins de sous entendus, dont les hommes les
remplissent comme des pâtés en croûte : et parfois nous ne
comprenons plus ce qu’ils disent. Quand donc le mot « vilain »
a-t-il cessé de désigner un brave villageois pour le qualifier de rustre, de malappris et de coquin, alors que son frère « villageois »
restait honnête ? Et voyez comme l’érudit Étienne Pasquier nous
tend lui-même un piège en affirmant que Valet d’écurie est un titre
noble (il veut parler, bien sûr, d’un jeune écuyer), alors que nos
arrière-grands-pères, s’ils avaient encore des chevaux, n’y voyaient
plus qu’un ramasseur de crottin ?
Dans une société qui ne veut pas établir de rupture avec son passé,
comme était la royauté, le vocabulaire recèle mille secrets, qui se
perdent lorsqu’elle disparaît. Mais il faut, pour les deviner, prendre
les mots au sérieux et ne jamais oublier qu’ils sont eux-mêmes une
partie de l’Histoire. »
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Philippe Beaussant, écrivain, conseiller artistique, membre de
l’Académie française, né en 1930 à Caudéran (Gironde).
Diplômes : Master of Arts, licence de lettres.
Carrière : professeur de lettres classiques (1954), lecteur en
littérature française à la Flinders University (Australie) (1965),
chef du département Éducation à Sodeteg (1974). Producteur
à Radio France (depuis 1974), directeur fondateur de l’Institut
de musique et danse anciennes (IMDA) (1977), conseiller artistique
du Centre de musique baroque de Versailles (1988-95),
directeur du théâtre baroque de France (1994-97), conseiller
artistique du Printemps des arts de Nantes (depuis 2003), élu à
l’Académie française en 2007.
Parmi ses oeuvres : Le Jeu de la pierre et de la foi (1962).
L’Archéologue (1979, prix de l’Académie française 1979).
François Couperin (1982, prix de l’Académie française 1983).
Versailles, opéra (1982).
Rameau de A à Z (1983) Vous avez dit « baroque » ? (1988).
Vous avez dit « classique » ? (1991).
Lully ou le musicien du soleil (1992), prix de la critique,
Prix d’histoire de l’Académie française et prix Goncourt de la biographie 1993).
Héloïse (1993, Grand prix du roman de l’Académie française 1993).
Les Plaisirs de Versailles (1996).
Louis XIV artiste, Stradella (1999).
Le Roi-Soleil se lève aussi (2000).
Le Chant d’Orphée selon Monteverdi (2002).
Monteverdi (2003).
Le Rendez-vous de Venise (2003, prix de la ville de Nantes).
Passages. De la Renaissance au baroque (2006).
Où en étais-je ? (2008). Titien. Le chant du cygne (2009). L’Opéra royal de
Versailles (2010) ; producteur et metteur en scène de L’École des
amants à l’Opéra-Comique (1995).
Décorations : chevalier de la Légion d’honneur et dans l’ordre
national du Mérite, officier des Arts et des Lettres.
Distinctions : Prix de la langue française pour l’ensemble de
son oeuvre (2001), prix littéraire Prince Pierre de Monaco (2004)
et prix Prince Pierre de Monaco pour l’ensemble de son oeuvre
(2004).
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