Défense de la langue française   
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AU PILORI !
N° 291 (1er trimestre 2024)
  • La cour administrative d’appel de Paris vient de débouter l’Association francophonie avenir (Afrav) dans deux procès qui l’opposaient à l’État français au sujet des marques dont il est le créateur et le diffuseur : « Choose France », « La French Tech » et « Next 40 ». L’Afrav mettait en avant le fait que le choix de ces termes anglais constituait une infraction à la loi Toubon (loi n° 94-665 du 4 août 1994 relative à l’emploi de la langue française).
    L’article 14 de la loi dispose : « L’emploi d'une marque de fabrique, de commerce ou de service constituée d’une expression ou d’un terme étrangers est interdit aux personnes morales de droit public dès lors qu’il existe une expression ou un terme français de même sens approuvés dans les conditions prévues par les dispositions réglementaires relatives à l’enrichissement de la langue française. »
    Les juges se sont contentés de chercher parmi les 9 000 termes présents dans le registre terminologique de la Commission d’enrichissement de la langue française pour conclure qu’aucun équivalent français de ces trois mots n’y était répertorié. Ils ont refusé de donner droit aux traductions de ces mots qui, pourtant, sont mentionnées dans tous les dictionnaires anglo-français. Rappelons que les travaux de la Commission se limitent aux notions nouvelles — concernant notamment des innovations techniques et scientifiques - vouées à se répandre et qu’il convient donc de définir et nommer en français.
    L'article 14 de la loi Toubon est sans doute mal rédigé. Or
    , selon Portalis, l’un des auteurs du Code civil, le rôle des juges « consiste à saisir le vrai sens des lois, à les appliquer avec discernement, et à les suppléer dans les cas qu’elles n’ont pas réglés ». Pourquoi les juges de la cour d’appel ont-ils interprété dans un sens favorable aux anglicismes cette loi qui a pour but de défendre la langue française contre l’anglomanie ambiante ?
    L’Afrav n’a peut-être pas dit son dernier mot.
    La Commission d’enrichissement de la langue française a en effet pris, le 2 juillet 2021, une décision visant l’article 14 de la loi Toubon
    : « Les mots, termes, expressions et tournures de la langue française attestés dans les huitième et neuvième éditions du Dictionnaire de l'Académie française et dans le Trésor de la langue française sont approuvés dans les conditions prévues par le décret du 3 juillet 1996. » Ainsi, en cas d’absence dans le registre terminologique de traduction pour certains mots, termes ou expressions en langue étrangère, ces deux dictionnaires serviront obligatoirement de référence. Il y a là de quoi désavouer la cour d’appel.

  • Pour Paris-2024, l’INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance), chargé de diffuser le vocabulaire sportif, a une bonne marge de progression pour faire respecter l’emploi du français, langue du pays d’accueil et langue officielle olympique, si l’on en croit sa présentation sur la toile.
    Deux onglets sur quatre en tête du site sont en anglais : « Team INSEP », « Fundraising ». En déroulant on trouve dans les titres « Sponsoring », « Top partenaire », « Hall of fame », et même en image d’entrée « Impossible is nothing » slogan d’un « sponsor ».

  • « La French-African Foundation (sic) lance l’appel à candidatures de son programme « Young Leaders (re-sic) 2023 ». Créée en 2019, la F-A F dit « oeuvrer à la création de générations de leaders (re-re-sic) engagés en France et en Afrique. » Vertueux programme ! Ce qui est moins vertueux, c’est que la F-A F semble avoir tiré un trait sur la francophonie. Son appel à candidatures mentionne : « La maîtrise de la langue anglaise est obligatoire, celle de la langue française n’est pas requise mais appréciée. » Ce désintérêt est affligeant, s’agissant d’une association créée en France, dont les cadres sont francophones, dont le siège social est à Paris, dont les partenaires sont des sociétés et administrations françaises et qui est placée sous le patronage des présidents français et rouandais, Macron et Kagame. Il est étrange que les responsables de la F-A F n’aient pas compris que la langue française participe au rayonnement de notre pays en Afrique.

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