Défense de la langue française   
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Défendre (aussi) la langue française (Le Figaro) du 6-7-2000

Dès le déclenchement du conflit au Kosovo, la Région Rhône-Alpes était venue en aide aux victimes. Sur cette lancée, elle a décidé de contribuer, à son niveau, à la restauration de la paix dans la région, choisissant de miser sur l'avenir à travers la formation de jeunes.
C'est en liaison, sur place, avec les militaires français de la KFOR, plus particulièrement avec ceux des affaires civilo-militaires (ACM), qui accompagnent sur le terrain les projets d'assistance, que la Région a décidé de réhabiliter le lycée de Vushtrri.
Le hasard a voulu qu'un officier de Grenoble, le colonel Patrick Ciulla, réserviste de la gendarmerie, se trouve à Mitrovica pour une période de cent jours et puisse s'assurer, sur le terrain, que les fonds régionaux étaient utilisés conformément aux besoins.
Cadre administratif à la mairie de Grenoble, Patrick Ciulla, officier de réserve de la gendarmerie, a pu, avec la bienveillance du député-maire de Grenoble, Michel Destot, apporter sa contribution à la reconstruction du Kosovo. Durant trois mois, à Mitrovica, avec des officiers d'active et de réserve de la division Leclerc, sous le commandement français, il a fait bénéficier les communautés albanaises et serbes du nord du pays de ses compétences, dans les domaines de l'organisation et de la logistique.
Très souvent sur le terrain pour superviser les actions de coopération, il pouvait mobiliser des moyens militaires au service des opérations initiées par la France et l'Union européenne pour permettre aux projets de devenir réalité, la cellule ACM ayant un rôle d'assistance et de conseil, mais aussi de vérification de la conformité des travaux et de leur bon achèvement.
Cette organisation a parfaitement fonctionné pour le seul lycée d'enseignement général de Vushtrri, notamment grâce au colonel Ciulla qui a eu le plaisir de retrouver, en août, à Grenoble, les professeurs de français du lycée, dont quelques-uns sont aussi utilisés comme interprètes par la KFOR. Des interprètes dont les relations avec la France avaient mal commencé et qui, aujourd'hui, grâce à la Région, ne regrettent plus d'avoir choisi notre langue.
En effet, au début de l'arrivée des troupes et durant l'été 1999, le commandement français avait inexplicablement favorisé l'embauche d'interprètes de langue anglaise. Ce qui avait soulevé la colère de la toute petite communauté francophone : « Nous avons fait l'effort d'apprendre le français. Vous embauchez des gens qui parlent anglais. Nous regrettons d'avoir appris votre langue inutile ». Ainsi, dans l'immeuble des ACM de l'armée française à Mitrovica, sur lequel trônait pourtant une gigantesque pancarte tricolore « Maison de France » les gens de l'accueil ne parlaient pas un mot de français ! Les propos albanais d'un interlocuteur étaient traduits en anglais, puis en français et vice-versa, ce qui ne facilitait pas les échanges !
Pendant ce temps, les Kosovars ayant appris le français restaient inactifs, pestant cette France longtemps admirée qui, soudain, les méprisait...
C'est dire si les professeurs de Vushirri ont découvert avec étonnement qu'il existait, à Paris, un ministère de la Coopération et de la Francophonie. La preuve, mis à contribution par Rhône-Alpes, il finance même une grande partie des stages en France, d'un coût global de 1,47 millions de francs.
La Région finance, à hauteur de 500 000 francs, le déplacement des enseignants en France et assure à leurs familles restées au Kosovo, une indemnité pour compensation salariale.
D'un coût de 5,5 millions de francs, la réhabilitation du lycée Muharrem Bekteshi a été financée à hauteur de 3,5 millions par la Région, le solde étant pris en charge par le Fonds pour la reconstruction et le développement local dans les Balkans, créé par le ministère des Affaires étrangères, la Caisse des Dépôts et consignations et l'Association des maires de France.
Une première tranche de travaux concernait la sécurité, les sanitaires, le chauffage, les aménagements intérieurs ; la seconde les extérieurs et les équipements complémentaires. Ainsi, Vushtrri peut désormais être fière de son lycée (classes refaites, voirie et abords aménagés, façades rénovées), mais aussi de ses équipements (locaux scientifiques, centre de documentation, salles d'informatique, de sports, d'arts, de musique).
Aider les victimes, défendre les Droits de l'homme, mais aussi la langue française et l'influence de notre pays, sont des ambitions légitimes.
Lorsque les besoins de formation des enseignants auront été satisfaits, les promoteurs rhônalpins et leurs partenaires parisiens ont la volonté de réparer les fautes commises à l'arrivée des troupes françaises à Mitrovica : un centre de formation sera créé dans le lycée pour faire vivre la langue et la culture françaises dans les Balkans.
II y a de quoi faire, car, depuis l'intervention de la KFOR, les inscriptions aux cours d'anglais ont considérablement progressé au détriment du français. Cherchez l'erreur...
AV.
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