Défense de la langue française   
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XXIIème Assemblée Générale
de l'AIMF

Intervention de M. Pierre-André WILTZER,
Ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie
devant la XXIIème assemblée générale de l'AIMF
(Beyrouth, 16-17 octobre 2002)


Quittant pour quelques instants la réunion des ministres qui préparent le Sommet de la Francophonie qui débute vendredi, je suis très heureux de participer à cette nouvelle assemblée générale de l'AIMF (la XXIIe).

Vous aller engager, cette fois, un débat sur les enjeux économiques et culturels des migrations dans les villes. C'est là une contribution utile à ce grand rendez-vous de la Francophonie à Beyrouth, consacré au dialogue des cultures. Je vous remercie, Messieurs les Maires et responsables des capitales et métropoles francophones, d'apporter ici votre expérience d'élus, votre connaissance concrète des réalités humaines, des besoins de vos concitoyens dans tous les domaines, mais aussi des contraintes de la gestion administrative et financière. J'en parie en connaissance de cause, étant moi-même maire d'une ville moyenne de la région parisienne. Je saluerai tout particulièrement les représentants des 3 villes libanaises membres de l'Association, avec une pensée reconnaissante pour l'hospitalité des habitants de ce pays, qui est bien connue et qui se vérifie une fois encore.

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Dans de nombreuses grandes villes du monde, le développement économique est important, voire spectaculaire, sous l'effet des flux accélérés des biens et des capitaux et, dans certains cas, des flux migratoires. Mais pour être profitable à l'épanouissement de la personne, cette croissance doit s'accompagner impérativement d'une amélioration de la cohésion sociale et de l'environnement urbain. Aussi votre action rejoint-elle pleinement la conception, chère à tous les francophones, d'une mondialisation qui reste à maîtriser et à humaniser, que ce soit au niveau des grandes enceintes internationales où s'élaborent les normes du développement mais aussi au niveau local, là où les processus planétaires influent directement, et parfois brutalement, sur la vie quotidienne des individus.

Vous êtes non seulement les observateurs privilégiés, mais aussi les acteurs de ces phénomènes, qui modifient profondément la physionomie des villes et les mentalités. Votre réseau francophone permet de tirer parti des solutions que, les uns ou les autres, vous avez trouvées pour aménager la vie dans la cité et mener des politiques cohérentes d'intégration sociale. C'est dire que votre vision de proximité, de terrain, est précieuse pour les responsables des États et des gouvernements francophones et les institutions qu'ils se sont données. Nous sommes attentifs aux progrès de la coopération décentralisée car elle associe directement les populations à notre effort diplomatique et à la mutation des relations internationales.

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Or l'AIMF n'est pas seulement une fédération internationale de métropoles francophones. Elle compte depuis le sommet de Cotonou de 1995 parmi les opérateurs de plein exercice de la Francophonie, elle est un outil d'action commun aux 55 membres et observateurs de l'OlF. Pour ce qui est de la France, principal contributeur, à hauteur de près de 2 millions d'euros, dont les trois quarts versés par le Ministère des Affaires étrangères et un quart par le Ministère de la Jeunesse, de l'Éducation et de la Recherche, il y a lieu de parier d'un véritable renouveau de ta coopération avec votre association. Notre partenariat s'est trouvé fortifié par la contractuatisation des opérations de coopération décentralisée. Le Ministère des Affaires étrangères a en effet souhaité développer une étroite concertation avec l'AIMF, ce qui permet de définir les orientations sur la base de projets clairement identifiés. Les actions de l'Association y ont gagné en visibilité et en efficacité, dès lors qu'elles ont été concentrées dans ses domaines d'excellence.

Les actions du biennum en cours ont pour ligne directrice l'enracinement de l'État de droit dans les pratiques quotidiennes de la vie de la cité. Priorité a été accordée à la modernisation de la gestion des collectivités locales par l'informatisation du traitement des salaires et de la comptabilité, ainsi que de la gestion du personnel, et à la tenue de l'état civil informatisation des listes, et parfois même création pure et simple d'un état civil.

Ces orientations sont pleinement conformes aux recommandations faites par les chefs d'État et de gouvernement qui invitaient l'association, lors du sommet de Moncton, « à poursuivre son action en matière d'informatisation et de tenue de l'état civil ». C'est en effet par de telles actions, tout à fait concrètes, que l'on peut mettre en oeuvre les perspectives du symposium de Bamako pour le développement de l'État de droit dans l'espace francophone. La Francophonie dispose depuis Bamako de termes de référence communs en matière de droits et libertés. Il reste à en faire le tissu d'une solidarité active. Le respect des diversités culturelles, thème central de la réflexion du Sommet de Beyrouth, ne doit pas être invoqué pour déroger aux principes dont nous sommes convenus entre francophones.

Citoyens, citadins. La racine identique de ces deux mots parie d'elle-même. Elle montre à quel point la ville, foyer de vie commune, mais aussi d'innovation, peut aider ses habitants, tout en préservant leurs spécificités culturelles, à acquérir des réflexes démocratiques à l'école, dans les transports en commun, au marché local, aux guichets des mairies, sur les terrains de sports. La coopération décentralisée, si elle situe la démarche humaniste à la croisée du local et de l'international, permettra à tous les francophones de s'adapter à ce monde en pleine mutation économique, à cette interdépendance croissante, à son lot d'incertitudes.

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Messieurs les maires et responsables de villes francophones, il me reste à vous adresser tous mes voeux de succès dans vos travaux, dont je suivrai le développement avec le plus grand intérêt. La France continuera de les faire connaître, de les favoriser et de rechercher les complémentarités utiles dans les actions qu'elle mène par ailleurs avec chacun des pays dont vous êtes originaires. La diversité qui est la nôtre, celle des francophones, c'est aussi celle des méthodes. Une diversité qui se conjugue très positivement avec notre communauté de vues et de convictions sur tes valeurs démocratiques qui s'expriment en premier lieu dans nos villes et nos villages.

Je vous remercie.
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