Défense de la langue française   
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DLF, n° 221

LE FRANÇAIS ADMINISTRATIF. ÉCRIRE POUR ÊTRE LU, d’Alfred Gilder,
préface de Jean-François Copé
Éditions Glyphe, 2006, 328 p., 21 €
Qui eût cru qu’un énarque, par surcroît financier, aurait une telle passion pour le français, la France et la francophonie ? Pourquoi et comment se battre autant pour notre langue, notre culture et notre civilisation ? Au bout de ce quatrième ouvrage, qu’on lit comme un roman, nos souvenirs se bousculent : « Ma patrie est la langue dans laquelle j’écris », disait Rivarol. Michel Debré, lui, soulignait : « La nation française, c’est la base de notre Liberté. » Quant à Maurice Druon, il martèle : « La défense de notre langue conditionne celle de notre droit. »
Alfred Gilder combat avec humour, poésie ou mordant. Ses exemples concrets sont innombrables. Le jargon administratif, voire étatique ou politique, se veut prudent, précis, parfois guindé. Cependant, aujourd’hui, administrer et a fortiori gouverner équivalent souvent à communiquer ou au minimum faire comprendre. Ainsi, le verbe apprécier peut remplacer « attacher du prix » ; un évènement grave suffit pour « un événement revêtant un certain caractère de gravité »...
Ne parlons pas des sigles dont raffole l’Administration ; mais le privé, comme la Bourse ou l’industrie, n’a rien à lui envier : que ne commet-il pas comme barbarismes au nom d’une prétendue modernité ? Heureusement, l’Administration, elle, ne pratique pas le « globish ». La Constitution et la Loi françaises interdisent à tout fonctionnaire d’écrire autrement qu’en français. Ainsi se développe « le français administratif », qu’Alfred Gilder démonte avec courage et talent. Les conquérants de l’impossible et les sportifs du désintéressement disent encore parfois : « Il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de réussir pour persévérer. » A. Gilder a entrepris et il persévère. Quelle leçon !
François ARCHAMBAULT

L'AURORE VIENT DU FOND DU CIEL, de Maurice Druon, de l’Académie française
Plon - Éditions de Fallois, 2006, 372 p., 22 €
« À dix ans, vous pensiez déjà à l’Académie française... », lui déclara Louis Pasteur Valéry-Radot, en accueillant dans cette compagnie si enviée l’ancien prix Goncourt à 30 ans. Mais le tome 1 de ses Mémoires se termine avec ses 22 ans, quand la France est recouverte par la « peste brune »...
Cette jeunesse brillante et parfois terrible suffit à comprendre la genèse d’un poète précoce, d’un romancier réputé, d’un chroniqueur impitoyable, d’un éternel combattant de la culture française envers et contre tout. L’auteur des Rois maudits et des Grandes Familles n’est-il pas devenu l’égal d’Hugo en pleine Russie soviétique ?
Il nous racontera dans le second tome comment il a rédigé « Le Chant des partisans » avec son oncle Kessel, ce qui lui vaudra de devenir président d’honneur de la Fondation de la Résistance. Aujourd’hui, à 88 ans, il relève encore un défi international en présidant le Comité pour la langue du droit européen, car, dit-il : « Les peuples sont en train de comprendre que, s’ils veulent échapper à la domination de l’anglais, ils ont intérêt à se tourner vers l’autre grande civilisation. »
F. A.

LA LANGUE FRANÇAISE FACE À LA MONDIALISATION, d’Yves MONTENAY,
préface d’Antoine SFEIR
Les Belles Lettres, 2005, 322 p., 19 €
L’auteur, centralien, Sciences-Po, docteur en géographie humaine, enseignant à l’ESCP-EAP, a travaillé et enseigné en français et en anglais sur les cinq continents.
Ce livre sur la langue française est destiné aux étudiants, aux professeurs et à tout citoyen intéressé par la place du français dans le monde, l’histoire de notre langue et sa géopolitique. C’est un ouvrage de vulgarisation, qui est d’abord une base de données historiques, géographiques et géopolitiques – avec notamment les positions des gouvernements et des mouvements d’opinion, des libéraux aux altermondialistes.
C’est un livre de militant au style direct, avec des exemples vécus, des prises de position argumentées et un ton parfois critique, en particulier vis-à-vis de certaines de nos institutions.
Marceau DÉCHAMPS

SUR LE BOUT DE LA LANGUE, d’Arnaud Simon
Éditions Favre, Lausanne, 2005, 176 p., 28 francs suisses, 16 €
L’auteur est un juriste féru d’histoire et de généalogie. Son livre, nous dit le sous-titre, permet de « tout savoir sur les origines méconnues des expressions de notre langue ». Toutefois, celles qui ont un caractère grossier ou précieux ont été laissées de côté. « Avoir voix au chapitre », « faire des gorges chaudes », « se tenir à carreau », ce sont ainsi quelque 250 locutions qui sont expliquées dans cet ouvrage au style alerte, non dénué d’humour.
Dans la préface, A. Simon déclare qu’il n’a pas eu pour ambition « de faire œuvre de grammairien patenté ou d’étymologiste distingué ». Encore une publication qui sera appréciée de tous ceux qui souhaitent connaître l’origine d’expressions que l’on peut entendre ou lire tous les jours.
Étienne BOURGNON

ART DICO. À LA DÉCOUVERTE DES LETTRES ILLUSTRÉES DU DICTIONNAIRE,
de Thora van MALE
Éditions Alternatives, « Écritures », 2005, 160 p., 27 €
Première monographie – très soignée, malgré quelques redites – sur ce que l’auteur nomme « iconophores », à savoir ces illustrations représentant des mots dont la lettre initiale est identique. Vous devez bien connaître ces scènes quasi surréalistes où voisinaient dauphin, derviche, diable et dolmen. « Voisinaient » : c’est à partir de la deuxième moitié du XIXe siècle jusque dans les années 1950 que ces scènes illustrèrent bien des dictionnaires français, à chaque lettre de l’alphabet. Leur temps semble révolu, mais espérons que cet ouvrage les remettra au goût du jour ou, à défaut, suscitera de nouvelles études sur ce sujet très révélateur de l’évolution des mentalités comme d’une part de notre inconscient collectif.
Romain Vaissermann

PRÉCIS DE CONJUGAISON, de Jean-Michel GOUVARD
Colin,« Lettres », 2004, 128 p., 9 €
En une langue technique mais toujours expliquée, l’auteur expose le complexe système des conjugaisons françaises. Sont présentées les désinences puis les bases verbales. Curieusement, cet ordre est le bon : la présence de telle ou telle base dépend des terminaisons. L’auteur a pris le parti d’ignorer les temps composés et la question des aspects mais ce parti pris discutable (même du point de vue de la forme) permet de ne pas outrepasser la taille des volumes de la collection : cent vingt-huit pages.
R. V.

PARLONS LUXEMBOURGEOIS, de François SCHANEN
L’Harmattan, « Parlons... », 2004, 376 p., 31 €
Parmi les langues voisines du français, le luxembourgeois fait peu parler de lui. Raison de plus pour saluer cette nouvelle grammaire, enrichie d’un vocabulaire de 5i000 entrées (qui complète le Dictionnaire français-luxembourgeois d’Henri Rinnen), d’une bibliographie et de quelques textes présentant des aspects de la vie au Grand-Duché. Le pays possède une langue nationale (le luxembourgeois, précisément, qu’il faut écrire pour devenir luxembourgeois), mais trois langues administratives : allemand, luxembourgeois et français – les textes législatifs et leurs règlements d’exécution étant rédigés en cette dernière langue. Il est impossible d’évoquer la complexité des situations d’interlocution qu’offre la vie courante. Malgré le multilinguisme et même le multiculturalisme du pays, malgré ses nombreux parlers, le luxembourgeois – garant de l’unité nationale – est une véritable langue, dont cet ouvrage, fruit de trente ans de recherches, contribue à asseoir la légitimité : « Tu ne me chercherais pas, si tu ne m’avais trouvé. »
R. V.

ILLETTRISME, LA FRANCE CACHÉE, de Jean-Philippe RIVIÈRE
Gallimard, « Folio actuel », 2001, 244 p., 8,50 €
Jean-Philippe Rivière est linguiste et travaille à l’évaluation de l’illettrisme, en liaison avec l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme (ANLCI) et la Pitié-Salpêtrière. Cet ouvrage offre une présentation particulièrement précise et complète de l’illettrisme, qui touche près de 10 % des jeunes adultes en France. L’auteur s’attache à examiner les critères de reconnaissance des personnes en situation d’illettrisme, leur parcours scolaire – il souligne que l’illettrisme n’est le plus souvent pas lié aux capacités cognitives –, la vulnérabilité sociale que l’illettrisme induit et enfin les diverses réponses proposées actuellement, en précisant que « l’appui de spécialistes est vivement recommandé », ce qui dépasse d’ailleurs le cadre de l’illettrisme et est vrai pour toute forme d’enseignement.
Un ouvrage indispensable pour mettre en place une stratégie de lutte efficace contre la marginalisation, c’est-à-dire la mise à l’écart du monde du travail, de la formation et de l’insertion, bref de la citoyenneté.
Claude Gruaz

Signalons aussi :
  • Les Programmes scolaires au piquet. Du primaire au lycée, des maths au français, par un collectif d’enseignants en colère (Textuel, 2006, 176 p., 19 €).
  • Réveille-toi Jules Ferry, ils sont devenus fous, d’Emmanuel Davidenkoff (Oh ! Éditions - France info, 2006, 240 p., 18,90 €).
  • Les mots de la montagne, de Sylvain Jouty (Belin, 2006, 304 p., 11,90 €).
  • Conjugaison française, de Mathilde Paris (Pocket, 2006, 176 p., 1,50 €).
  • Les Carnets d’un francophone, de Jean-Marie Borzeix (Bleu autour, 2006, 120 p., 10 €).
  • Le Prépositionnaire : Dictionnaire des verbes et adjectifs pouvant être suivis d'une préposition, de Françoise Bulman (Viamédias, nouvelle édition 2005, 242 p., 14,90 €).
  • La Pensée romanesque du langage, de Philippe Dufour (Seuil, « Poétiquei», 2004, 324 p., 26 €).
Nos adhérents publient
  • Les Origimots, de Claude Duneton, illustrations de Nestor Salas (Gallimard Jeunesse, 2006, 116 p., 14,50 €).
  • L’habit ne fait pas le moine : Petite histoire des expressions, de Gilles Henry (Points, « Le goût des mots », réédition 2006, 256 p., 6 €).
  • Réédités par Le Robert, dans la collection « Les Usuels » :
    Dictionnaire d’orthographe et d’expression écrite, d’André Jouette (774 p., 22,50 €).
    Dictionnaire étymologique du français, de Jacqueline Picoche (740 p., 11,50 €).
  • Jean-Pierre Colignon et Hélène Gest nous instruisent et nous amusent grâce à De l’âne au coq. 200 jeux pour tester votre culture générale (L’Archipel, 2006, 240 p, 17,95 €). À faire, seul ou en famille, au coin du feu !
  • C’est avec enchantement que nous avons lu les deux livres de poèmes d’Yvan Jade : L’Âme vagabonde et L’Or des saisons (Éditions Arcam, 40, rue de Bretagne, 75003 Paris).
  • Louise-Agnès Cottereau dans Contes et Sortilèges, son dernier ouvrage, enrichi de ravissants dessins, décrit un monde de rêves et d’imagination (38, rue Taine, 75012 Paris).
  • Le recueil de poèmes de Paul Athanase, Battements de cœur nous a séduits (Librairie Racine, 23, rue Racine, 75006 Paris, courriel : igr@wanadoo.fr ).
  • Attendons-nous à retrouver les talents de conteur et l’humour de Christian Colonna, président de la délégation du Loir-et-Cher, dans J’étais médecin de campagne (A à Z Patrimoine Éditions, 2006, 18300 Sury-en-Vaux, 360 p., 22i€).
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