Défense de la langue française   
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DLF, n° 230

HISTOIRE DU VOCABULAIRE FRANÇAIS, d’Olivier Bertrand
Éditions du Temps, 2008, 256 p., 18 €
Voici encore un ouvrage aussi agréable à lire attentivement qu’à feuilleter. On le « picore » au gré de sa curiosité. Aucune page ne laisse indifférent, car, bourrée de renseignements précis, cette Histoire du vocabulaire français classe, trie, actualise les mots, nous en découvre l’origine et les fait vivre. Y a-t-il des doutes et des incertitudes, l’auteur les signale. Il n’affirme pas doctoralement.
Maître de conférences en langue et littérature françaises du Moyen Âge à l’université de Savoie, il pourrait le faire, mais il avoue parfois les limites de la recherche. Comme les sujets sont aussi variés que les mots qui les désignent, aucun risque de s’ennuyer ou d’avoir l’impression de rejoindre le camp des sémiologues, des phonéticiens, des philologues et autres spécialistes de la linguistique.
Olivier Bertrand analyse en quelque sorte une photographie du vocabulaire contemporain. Dans les premières pages, il nous explique l’évolution des mots par la diachronie. Ce dernier mot comme quelques autres également techniques sont expliqués dans un glossaire utile et facile à consulter. Bref, un ouvrage de bonne vulgarisation, qui nous raconte comment s’est constituée notre langue avec son fonds latin, « persillé » de survivances éparses du gaulois, auquel s’ajoutent des mots issus des invasions (influences germaniques surtout). Chaque chapitre se termine par des références bibliographiques et un encadré intitulé « À retenir », sorte de résumé didactique. Dans l’un d’eux, on apprend que la langue française possède actuellement quelque mille mots issus du francique. On suit les évolutions et les apports des siècles, avec les dates d’attestation en français. L’auteur, qui indique très bien les différences entre langues, dialectes et patois, régionalismes, nous présente également les apports de l’italien, de l’arabe ou d’autres langues au français et, dans la mesure du possible, note les changements de sens intervenus pour certains mots ou les nuances surgies avec le temps. Loin d’esquiver nos emprunts à l’anglais, et l’invasion des mots d’outre-Manche ou anglo-américains dans les domaines du sport, du journalisme, de la politique, des finances et du commerce, Olivier Bertrand juge qu’« il n’y a pas lieu de s’inquiéter outre mesure », ce qui n’interdit pas la vigilance. La vie comporte toujours des risques, mais elle connaît aussi des retournements et des surprises. Jacques Dhaussy

LE BLANC. Dictionnaire de la couleur. Mots et expressions d’aujourd’hui (XXe-XXIe siècles), d'Annie Mollard-Desfour, préface de Jean-Louis Étienne
CNRS Éditions, 2008, 330 p., 30 €
Après Le Bleu, Le Rouge, Le Rose, puis Le Noir, « couleur et non-couleur », ce dictionnaire nous invite à un parcours très riche et abondamment illustré de citations et de références, à travers les mots et expressions du vocabulaire français du XXe siècle et du tout début du XXIe, puisé dans un corpus varié : dictionnaires, oeuvres littéraires, presse... Pour rendre compte de la richesse des dénominations, de ce qu’elles « nous disent de la société, de ses valeurs, de ses tendances », de « cette quête incessante, obsédante de la blancheur, couleur utopique et menacée, qui est encore celle de notre société contemporaine », le dictionnaire est organisé en trois parties : les mots et expressions du blanc, les « dérivés », d’albe à white, et les « variations », d’Alaska à zen. Du « blanc parfait » du « corps blanc » à la brillance de l’« arme blanche », le blanc est symbole de la lumière, de l’éclat, du paradis, de la royauté, des qualités morales, de la pureté, de la peau. Mais il est aussi symbole de la vieillesse, du deuil, couleur du neutre, couleur du manque, du vide, du silence... Un superbe cahier de seize pages de reproductions d’oeuvres artistiques fait bien agréablement écho à ce superbe ouvrage. Christine Jacquet-Pfau

JEUX DE MAIN, JEUX DE VILAIN, l’histoire des expressions du sport et des Jeux olympiques,
de Violaine Vanoyeke et Philippe Engerer
Bartillat, 2008, 200 p., 20 €
De quel sport vient donc la formule « rester sur le carreau » ? Du jeu de paume.
« Coiffer sur le fil » ? De l’athlétisme. « Jeter l’éponge » ? De la boxe. « Ne pas en mener large » ? De l’équitation. « Faire chou blanc » ? Du jeu de quilles.
« Répondre du tac au tac » ? De l’escrime !... Vous en connaissez sans doute la signification, mais pas l’origine. D’autres sont un peu plus mystérieuses, telles que « rester dans son couloir », « marquer à la culotte », « tacler l’adversaire », « partir sur les chapeaux de roue », « botter en touche »... Voici donc très exactement 114 expressions relevant de nombreuses disciplines sportives, que les auteurs nous décortiquent pour notre plus vif intérêt, tout en décrivant ces jeux de main... et de pied... qui ne sont pas forcément des jeux de vilain (et devinez d’où provient celle-ci ?). Nicole Vallée

100 EXPRESSIONS À SAUVER, de Bernard Pivot
Albin Michel, « Les Dicos d’or de Bernard Pivot », 2008, 152 p., 12 €
Après nous avoir convaincus de sauver cent mots* qui, déjà au purgatoire, étaient menacés de tomber dans les profondeurs hadales de l’Enfer du vocabulaire, Bernard Pivot se fait cette fois le preux chevalier de la langue française volant au secours de cent expressions. Des expressions qui, nous dit l’auteur, « vivent encore », mais qu’il faut « sauver du silence qui les écarte, de l’oubli qui les menace ». Il est en effet attristant de constater que ces représentants de la verve populaire, de sa drôlerie, de son humour, de sa culture, sont de moins en moins utilisés, donc de moins en moins connus et compris. L’appauvrissement du vocabulaire est une des plaies de la langue française, et l’apport de mots issus de l’anglo-américain ou de la langue dite des banlieues ne saurait compenser la méconnaissance de centaines d’expressions, de locutions, de proverbes et d’allusions littéraires qui sont la mémoire du savoir, du fonds culturel, de l’Histoire...
Le célèbre journaliste – et membre de l’académie Goncourt – se donne donc pour but de maintenir en vie certaines de ces expressions menacées. Il a retenu ainsi, parce qu’elles étaient particulièrement plaisantes à ses yeux et à ses oreilles, des expressions très variées : « en deux coups de cuillère à pot », « c’est parti, mon kiki ! », « battre la breloque », « yoyoter de la touffe », « manger la grenouille »... Ne comptez pas sur nous pour vous en donner les significations : vous les trouverez encore, en principe, dans les bons dictionnaires, et aussi, commentées avec alacrité, dans cet ouvrage plein de conviction.
La langue familière, la langue verte, les argots et jargons de métier, l’Histoire ont été donc convoqués par B. Pivot, qui en a tiré cette centaine d’expressions en quête de tonus linguistique. La lecture de ce petit livre allègre convaincra tout un chacun de la nécessité de connaître – et d’utiliser, au moins dans le langage courant – le « bouillon d’onze heures », « payer rubis sur l'ongle », « se moquer du tiers comme du quart » ou encore la « face de carême ». Jean-Pierre Colignon

* 100 mots à sauver (Albin Michel, « Les Dicos d’or de Bernard Pivot », 10 €).

NÉOLOGIE ET TERMINOLOGIE DANS LES DICTIONNAIRES, sous la direction de Jean-François Sablayrolles, préface de Jean Pruvost
Honoré Champion, « Lexica - Mots et dictionnaires », no 16, 2008, 241 p., 45 €
Ce volume rassemble les communications présentées lors de la 12e Journée des dictionnaires organisée par Jean Pruvost à l’université de Cergy-Pontoise en 2004. J.-F. Sablayrolles montre que l’absence d’un mot dans « le » dictionnaire ne suffit pas à le définir comme néologique. John Humbley s’intéresse aux dictionnaires de néologie, qui n’ont guère retenu l’attention jusqu’alors. Khalid Alaoui décrit une expérience de veille en vue de l’intégration de néologismes dans les dictionnaires (Larousse). Trois articles abordent des problèmes relevant de la terminologie : la normalisation (Élisabeth Blanchon), la présence de néonymes (néologismes relevant de la langue de spécialité) dans les dictionnaires de langue générale (Danielle Candel et Virginie Tombeux), les rapports entre publicité, marques et dictionnaires (Karine Berthelot- Guiet). Les quatre dernières analyses ont pour objet les langues étrangères, soit dans leurs rapports à la langue française : les arabismes (Françoise Quinsat) et les italianismes (Mariagrazia Margarito) dans les dictionnaires français, soit pour elles-mêmes : l'évolution du traitement des mots apparentés à la néologie dans les dictionnaires monolingues italiens (Michela Murano) et «iles dictionnaires d’interlingua » (Jeanne Martinet). Christine Jacquet-Pfau

DÉCODEUR MÉDIATIQUE DU XXIE SIÈCLE, de Christophe Alévêque
Chiflet et Cie, 2008, 216 p., 17,95 €
Lecteurs de DLF, vous croyez maîtriser le vocabulaire courant de notre langue. Détrompez-vous : les mots n’ont plus le sens que vous leur attribuez. Quelques exemples ? « Conseil : personne ou entreprise payée pour prendre à votre place des décisions impopulaires. » « Liberté : dans une démocratie, possibilité de choisir son opérateur téléphonique. » « Justice : ... son pouvoir fait l’objet de dérives inquiétantes. » « Spécialiste : ... prévoit ce qui s’est passé après que c’est arrivé. » « Épuration : querelle de voisinage. » Grâce à cet ouvrage totalement jubilatoire (voir ce mot), les finesses du langage politico-diplomaticomédiatico- journalistique n’auront plus de secrets (voir ce mot) pour vous, que vous soyez activistes, fumeurs, militants, victimes, ou même zoophiles (voir ces mots). Nicole Vallée

L'ORTHOGRAPHE EN CRISE À L'ÉCOLE. Et si l'Histoire montrait le chemin ?, d’André Chervel
Retz, 2008, 80 p., 4,50 €
Petit dans ses dimensions, capital dans son contenu, ce livre, écrit par un éminent spécialiste de l’orthographe et de l’histoire de l’éducation en France, met particulièrement en relief ces trois points :
1. L’existence de deux lames de fond. La première, qui limite l’enseignement du français à celui de l’orthographe s’amorce vers 1780, s’amplifie dans les années 1820-1830, est renforcée par la loi Guizot de 1833. Mais dès 1850 commence une réorganisation de l’enseignement du français qui, avec J. Ferry au tournant des années 1880, ne se limite plus à celui de l’orthographe et de la grammaire.
2. Des enquêtes montrent une hausse considérable du niveau orthographique entre 1873 et les années 1920, peut-être même jusqu’au milieu du XXe siècle, avant de faire apparaitre une baisse relative jusqu’à la fin de ce siècle ; baisse qui s'accentue fortement de 1987 à 2005. L’auteur souligne l’impact fondamental du changement social, de tout ce qui « a transformé la vie quotidienne, la culture et les moeurs de la jeunesse et des familles ».
3. Le remède ne réside pas dans les démarches pédagogiques (« Tout retour en arrière [...] est évidemment hors de question »), mais dans une réforme de points spécifiques de l’orthographe, tels que le doublement de certaines consonnes et le remplacement du x de pluriel par s.
Capital, ce livre l’est pour qui veut comprendre l’évolution de la compétence orthographique des jeunes et porter un regard véritablement objectif sur cette question essentielle. Claude Gruaz

PARLEZ-VOUS LE POLITIQUEMENT CORRECT ?, de Georges Lebouc,
Éditions Racine, « Autour des mots », 2007, 128 p., 15 €
Un éminent linguiste bruxellois nous introduit dans le domaine enchanté du nouveau « doux parler », dont il nous dévoile et nous explique tous les secrets. Défauts physiques... maladies... société... armée..., nous allons savoir comment en parler de façon urbaine, pudique et, de préférence, incompréhensible. Qu’est-ce donc qu’un apprenant passif, virtuel ? Un estompement de la norme ? Une neutralisation ? Un trouble civil ? De judicieux exercices et un double lexique complètent un ouvrage quasi indispensable dans le monde actuel. Nicole Vallée


PETIT ABÉCÉDAIRE D’UN FRANÇAIS INCORRECT... ET QUELQUES JOYEUSES IMPERTINENCES !, de Charles-Henri d’Elloy
Société des écrivains, 2007, 200 p., 19 €
Drôle, très drôle, cet abécédaire, écrit d’une plume alerte, percutante, pour dénoncer « quelques impostures » et le « charabia dont nous sommes abreuvés ». Ironiques, ces billets d’humeur pourront vous distraire en famille. Ils ont en outre l’avantage d’être agrémentés de références historiques. L’auteur, passionné de politique et amoureux de la langue française, décortique des sigles ou des expressions convenues afin de pourfendre avec insolence certaines idées reçues. Sa liberté de jugement ajoute au plaisir de la lecture. Corinne Mallarmé


Signalons aussi :
  • GRAMMAIRE FRANÇAISE DU XXIE SIÈCLE, adaptation par un groupe de professeurs de la Grammaire française publiée chez Larousse en 1961 (Traditions monastiques, 2008, 352 p. reliées, 29 €). Vont avec cet ouvrage trois cahiers d’EXERCICES DE FRANÇAIS, respectivement pour la Classe de sixième (154 p., 13 €), la Classe de cinquième (152 p., 13 €) et les Classes de quatrième et troisième (186 p., 15 €).
  • PLUS-QUE-PARFAIT. Petit précis sur l’art de bien conjuguer, de Jean-Joseph Julaud (Éditions First, « Au pied de la lettre », 2008, 260 p., 9,90 €).
  • LE FRANÇAIS, UNE LANGUE QUI DÉFIE LES SIÈCLES, d’Alain Rey (Gallimard, « Découvertes Gallimard », 2008, 160 p., 14 €).
  • LA MYSTÉRIEUSE HISTOIRE DU NOM DES OISEAUX. Du minuscule roitelet à l’albatros géant, d’Henriette Walter et Pierre Avenas (Robert Laffont, 2007, 378 p., 22 €).
Nos adhérents publient
  • Dans Entreprises, cultures nationales et mondialisation (CRINI, 454 p., 30 €) est publiée l’excellente contribution de Me Jean-Claude Amboise au colloque du même nom (6-7 décembre 2007) : « La protection linguistique des salariés dans la mondialisation : l’exemple de la France ». Notre administrateur y expose les lois et les applications, et conclut : « ... la mondialisation ne peut se satisfaire d’une langue unique. [...] En France, assurer la présence de la langue française [...] dans le domaine du droit au travail contribue [à] la diversité linguistique et [à] la pluralité culturelle. »
  • Alice Fulconis, dans son éditorial de La Critique parisienne (n° 59) relate la la remise du prix Richelieu (2008) à Claude Imbert.
    Nous la remercions pour ses lignes élogieuses.
  • Dans Un roman, la guerre de Cent Ans vue par ses témoins (François-Xavier de Guibert, 360 p., 25 €), Claude Faisandier apporte un éclairage original sur cette période grâce à la richesse des références et des commentaires sur les évènements et les personnages. De nombreuses citations étayent le récit. Mais ce livre de chevet et de référence se lit comme... un roman.
  • « Comment le fils du facteur est devenu professeur de médecine », vous le saurez en lisant le livre du professeur Jean-Jacques Rousset : Souvenirs en éclairs (Glyphe, 319 p. illustrées, 21 €). Humour, finesse et culture humaniste garantis !
  • Vietnam. Impressions (TiméeÉditions, 224 p., 30 €) se place dans les « beaux livres ».
    Alain Dubos – auteur de nombreux romans (voir DLF, nos 225, p.iII, 227 et 229, p. XIII) – y orne d’explications poétiques les très belles photos de Louis Monier. De quoi rêver, plus que jamais, d’aller au Vietnam ou d’y retourner.
  • Le plaisir d’enseigner ne quitte jamais Jean-Joseph Julaud. Il nous propose aujourd’hui de vérifier nos connaissances et d’améliorer notre niveau de culture générale en jouant avec 121 paris, faites vos jeux ! (éditions First, 160 p., 3,90 €).
  • Romancier, essayiste, poète... Pierre Claudé pratique tous les genres littéraires. Et Tous les hommes sont des danseurs (Lacour, 132 p., 15 €) est son douzième livre de nouvelles, plein d’humour et de suspense.
  • Roland Éluerd, président de la Biennale de la langue française, vient de publier la synthèse des travaux de la XXIIe Biennale de la langue française – Dakar, 2007 – et du Colloque international – Paris, 2006 : La Diversité linguistique dans les sciences et les techniques. Place du français, langue internationale et langue africaine. Place des langues partenaires africaines. BLF, 113, rue Galliéni, 78670 Villennes-sur-Seine, tél : 01 39 75 81 81, site : www.biennale-lf.org/
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