Défense de la langue française
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DLF, n° 233
DICTIONNAIRE AMOUREUX DES LANGUES, de Claude Hagège, dessins d’Alain Bouldouyre
Plon/Odile Jacob, 2009, 736 p., 25 €
Le seul titre de cet ouvrage, « inspiré par l’amour des langues, qui peut être un des
aspects de l’amour des gens », devrait suffire à charmer nos lecteurs et à rendre inutile
tout compte rendu. Aussi attrayant que savant, il nous entraîne dans une
merveilleuse promenade, souvent insolite, parmi ces innombrables langues
humaines « qui ne sont pas seulement des agencements de sons, mais aussi de géniaux
dispositifs à produire du sens au moyen de formes soumises à des règles, et ordonnées en phrases ». Comment,
du banda au yanomami, du bouriate au thaï, exprime-t-on des notions comme l’amour, la politesse,
les lieux, la négation, le jeu, l’être ? Et les mystères des prononciations ? Bibliographie. Index des
langues, tables des entrées. Nicole Vallée
LE PETIT LIVRE DES LIAISONS, de Jean–Joseph Julaud
Éditions First , 160 p., 2009, 2,90 €
Non seulement l’introduction de l’euro a mis beaucoup de troubles dans les portemonnaie,
mais il a considérablement perturbé notre langue. Fatigué, révolté,
scandalisé d’entendre des « cent-z-euros » et autres monstruosités, Jean-Joseph
Julaud a écrit un véritable traité des liaisons, autrement dit un « petit répertoire des pièges à
éviter ». Il tient en un minilivre de poche qui peut entrer dans la poche à pochette. Dorénavant, si
vous commettez la moindre faute, vous le faites exprès. Dans ce microvolume, vous trouvez un test
d’europathie, une feuille de soins, les critères de la dénasalisation, toutes les subtilités imposées
par le h aspiré et même des exercices de rééducation si vous avez pris de mauvaises habitudes.
Avec quasiment des tables, des suites d’exemples. Désormais, vous ne pourrez plus approcher les
liaisons dangereuses qu’avec ce compendium de sagesse et de pédagogie. Jacques Dhaussy
« NOUS, ON N’AIME PAS LIRE », de Danièle Sallenave
Gallimard, 2008, 162 p., 11,50 €
À trois reprises, au cours de la même année, Danièle Sallenave, professeur
d’université, s’est rendue à Toulon, au collège de La Marquisanne situé dans ce
qu’on appelle par un doux euphémisme une « zone sensible ». L’objectif était de
tenter de donner le goût de la lecture à des élèves de 3e. Dans cet établissement
d’éducation prioritaire, dit « ambition réussite », l’un des élèves déclare « Nous, on
n’aime pas lire », d’où le titre de l’ouvrage ! Pourquoi ? L’auteur tente d’y répondre. On imagine
sans peine toutes les raisons qui peuvent être avancées. Mais ce reportage est l’occasion d’une
foule de réflexions passionnantes, dans des chapitres brefs et agréables à lire sur l’environnement
socio-culturel, les bandes, la formation des maîtres, les inquiétudes de l’adolescence, la mixité ou
encore l’enseignement lui-même. Le diagnostic pourrait se résumer à cette remarque : « Pour les
élèves, la réponse est simple : s’ils échouent, c’est qu’on n’en fait pas assez pour eux... Qui pourrait le croire
en voyant la richesse luxuriante des“salles informatique”, des médiathèques, et même des ateliers des
sections d’éducation générale et professionnelle adaptée (SEGPA) ? Mais les élèves ne parlent pas de cela ; ils ne demandent pas plus de médiathèques et d’ordinateurs. Ce qu’ils disent, c’est que leur échec est “la
faute des professeurs”. Naturellement, ils feraient bien de s’en prendre à eux-mêmes, à leur désinvolture, à
leur manque “d’investissement”, comme on dit. »...
Étude scrupuleuse d’un milieu, faite sans idée préconçue et, comment ne pas le sentir, enquête
menée avec lucidité, sympathie, amour du métier, par un professeur qui a aussi celui de ses
élèves, de ces jeunes qui ne manquent pas de ressources... Ils sont souvent arrachés à eux-mêmes
parce qu’ils obéissent à un instinct grégaire qui les porte davantage vers le foot que vers le savoir.
La plupart du temps, ils pensent que les diplômes ne servent à rien. Ce qui ne les empêche pas
de constater que n’en avoir pas risque de peser sur toute leur existence. Comme d’autres jeunes,
ils parlent souvent par onomatopées et pourtant ils savent savourer un mot rare, un terme
poétique, absent du langage courant.
On aimerait citer des paragraphes entiers, mais on ne peut qu’inviter à découvrir ces pages
alertes qui se lisent comme un carnet de bord émaillé de réflexions pleines de sagesse : « Un
écrivain n’est ni mort ni vivant, il est dans ses livres. Tous les auteurs sont nos contemporains puisque
nous les lisons. », « L’accès au livre, plus que tout, réclame des “passeurs”. » Pour accéder à
l’imaginaire, au rêve, et tous les enfants ont droit « à cette paix peuplée ». Jacques Dhaussy
L’ÉTAT ET LA LANGUE, de Robert Lafont
Sulliver, 2008, 224 p., 21 €
Cet ouvrage érudit a pour auteur un universitaire, historien de la littérature
comme des sociétés, ardent militant de la cause occitane. D’aucuns pourront
être agacés, voire choqués, par ce tableau sans concession d’un État
centralisateur, imposant son hégémonie en instrumentalisant et codifiant l’outil
linguistique. De la Grèce antique à la mort d’Henri IV, les littératures d’oc et
d’oïl cohabitaient harmonieusement, jusqu’à ce que le pouvoir donne une fois
pour toutes la primauté culturelle du Nord sur le Midi, et de la langue d’oïl sur la langue d’oc.
En tout cas, les passionnés d’histoire de France, de littérature et de linguistique seront comblés.
Utile index des noms cités. Nicole Vallée
LE NOUVEAU JOURDE ET NAULLEAU. PRÉCIS DE LITTÉRATURE DU XXIE SIÈCLE, de Pierre Jourde et Éric Naulleau
Mango, 2008, 180 p., 13,50 €
Des classes primaires aux études secondaires et universitaires, de doctes manuels,
avec la bénédiction de l’Éducation nationale, nous précisent quelle quantité
d’admiration – ou de méfiance – il sied d’accorder aux grands, moyens, voire petits
auteurs de la littérature française. Mais que penser devant le raz-de-marée qui
submerge chaque année les rayons de nos librairies ? Quelle opinion émettre ? Quel
jugement proférer ? De gros tirages garantissent-ils la qualité ? Ou bien est-ce tout le contraire ?
Lecteurs embarrassés, voici que vole à votre secours « le petit livre noir du roman contemporain », le
Jourde et Naulleau, avec ses analyses d’extraits, ses présentations didactiques, ses exercices et leurs
corrigés, sans oublier ses subtiles notes en bas de page. Voici épinglés avec une douce ironie les
auteurs en tête des ventes de ces dernières années, les Lévy Marc et Bernard-Henri, les Angot,
Chapsal, Gavalda, Jardin, Sollers et les autres... Deux exemples seulement :
« L’oeuvre romanesque de Marc Lévy est remplie d’amour, de bonté et d’aménagement intérieur des lofts. » « La
force du style de Marie Darrieussecq tient en grande partie à cet art consommé de l’onomatopée. » Nicole Vallée
SUR LE BOUT DE LA LANGUE. TOUT SAVOIR SUR LES ORIGINES MÉCONNUES DES EXPRESSIONS DE NOTRE
LANGUE, d’Arnaud Simon
Éditions Favre, 2008 (3e édition augmentée), 224 p., 18 €
200 locutions seulement, ici, et pas de véritable bibliographie... Mais, mais, une amusante
succession des expressions, dans les explications desquelles se glisse un mot renvoyant à
l’expression suivante, « selon une logique de fil en aiguille ». Et si les expressions
relèvent du déjà connu, les explications, elles, valent leur « bezant d’or »... ou leur « pesant
de cacahuètes », au choix, par leur verve, leur pertinence et leur humour. Nicole Vallée
LES 500 EXERCICES DE GRAMMAIRE - avec corrigés, de Marie-Pierre Yvonne Delatour, Jean-Pierre Girodon, Dominique Jennepin, Françoise Lesage-Langot,
Pascal Somé Caquinot-Gündûz,
Hachette, 2007, 255 p., 8,90 €
Cet ouvrage est destiné aux étudiants étrangers, adolescents ou adultes. Il
propose des exercices d’entraînement (correspondant au niveau B2 du Cadre
européen commun de référence), succède aux Exercices de grammaire (niveau
B1- Hachette, 2005) et se réfère à La Nouvelle Grammaire du français (Hachette, 2004). Ces
exercices sont d’un bon niveau de langue et devraient être particulièrement utiles aux étudiants
qui préparent les épreuves de français des examens d’entrée des universités ou les concours
administratifs. À leurs professeurs, ils peuvent offrir des pistes intéressantes. Fruit d’une
collaboration étroite entre des professeurs de FLE (français langue étrangère) et linguistes, ce
recueil fait preuve d'une clarté d’esprit et d’une rigueur remarquables. À l’intérieur de chaque
chapitre, les notions sont abordées de façon progressive jusqu’à la fin, où un bilan reprend les
principaux éléments abordés. Les exercices renvoient à des situations de la vie quotidienne,
rédigés dans un style de langue courante, ou à des sujets d’actualité rédigés dans une langue
écrite d’un registre soutenu. La présence de corrigés à la fin du volume permet à l’étudiant de
s’entraîner individuellement pour acquérir des connaissances nouvelles ou surtout pour
raffermir une pratique de la langue encore hésitante. Oserai-je ajouter que de nombreux
francophones gagneraient à s’essayer à ces exercices qui couvrent une grande partie de la
grammaire française ? Claudie Beaujeu
Signalons aussi :
- ET SI ON DANSAIT ? , d’Erik Orsenna, de l’Académie française
(Stock, 2009, 144 p., 14,50 €).
- LE FRANÇAIS ADMINISTRATIF. ÉCRIRE POUR ÊTRE LU , d’Alfred Gilder
(Éditions Glyphe, 2009, 2e édition revue, augmentée et préfacée par Claude Hagège, 372 p., 22 €).
- FAUTEUR DE TROUBLES. PETIT PRÉCIS D'ORTHOGRAPHE À L'USAGE DES RÉCALCITRANTS ,
de Marie-Dominique Porée-Rongier
(Éditions First, « Au pied de la lettre », 2009, 292 p., 9,90 €).
- PORC OU COCHON ? LES FAUX-SEMBLANTS , de Jean-Loup Chiflet
(Chiflet & Cie, 2009, 190 p., 12,95 €).
- BONNET D’ÂNE... ET PALME D’OR. AU SECOURS, NOTRE ÉCOLE FONCE DANS LE MUR ! ,
de Claire L’Hoër
(Michalon, 2009, 160 p., 15 €).
- LÂCHE PAS LA PATATE. MOTS ET EXPRESSIONS FRANCOPHONES , de Marie Treps, illustré par Gwen Keraval
(Le Sorbier, 2009, 128 p., 15 €).
- NÉOLOGIE , de Louis-Sébastien Mercier [1740-1814]
(Belin, 2009, 592 p., 26 €).
- LES MOTS DE BRASSENS. PETIT DICTIONNAIRE D'UN ORFÈVRE DU LANGAGE , de Loïc Rochard
(Le Cherche-Midi, 2009, 358 p., 15 €).
Nos adhérents publient
- Dans Voix francophones de
chez nous. Contes et histoires*
Normand Beaupré a réuni
autour de lui une dizaine
d’écrivains franco-américains.
Il signe quatre de ces contes,
et Louise Peloquin plusieurs
charmantes histoires.
* Llumina Press, 2009, 172 p.,
13,95 $ (www.llumina.com).
- Après les trois tomes de ses
souvenirs d’enfance et de
jeunesse (voir DLF, n° 232,
p. XV), Christian Colonna
publie un roman dans
lequel il nous fait découvrir,
avec humour et sensibilité,
le monde des enseignants et
celui des conférenciers : La
nuit ne dure que la moitié du
jour (A à Z Patrimoine,
2009, 298 p., 19 €).
- Dans Le Dévorant (n° 236),
revue du Cercle littéraire des
écrivains cheminots, Raymond
Besson nous propose, en sept pages, un article très
complet sur l’infinitif, son
emploi et ses particularités.
CLEC, 7-9, rue du Château-Landon,
75010 Paris, courriel :
raymond.besson.clec@orange.fr
- Directeur éditorial aux
Éditions Honoré Champion*,
Jean Pruvost signe de nombreux
articles dans le Journal
de cette maison (n° 3), dont
une « Chronique de langue »,
« De la reliure en six chants à
la couverture de mulet »
et une « Histoire éditoriale
d’Honoré Champion ».
Dans son éditorial, il rend
« hommage à l’École des Chartes
qui vient de mettre en ligne gratuitement
le Dictionnaire du
latin médiéval de Du Gange »
(www.enc.sorbonne.fr).
* Éditions Honoré Champion, 3, rue
Corneille, 75006 Paris,
tél. : 01 46 34 07 29,
site : www.honorechampion.com
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