Défense de la langue française   
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DLF, n° 238

LES FACÉTIES DE LA FRANCOPHONIE, de Nicole Ricalens-Pourchot
Armand Colin, 2009, 411 p., 19,20 €
L’auteur a du goût pour les « facéties » : après les Facéties du français (2005, cf. notre revue n° 220), voici les Facéties de la francophonie. Le riche avant-propos de l’auteur, qui a enseigné la linguistique et la littérature française au Québec, concerne sa méthode et le champ de ses recherches. Elle y définit la francophonie comme « l’ensemble de ceux qui partagent la langue française où qu’ils soient dans le monde, et par “facéties” les “tours” que nous joue la langue, car d’un pays à l’autre les sens des mêmes mots peuvent varier et même changer complètement […]. Cette variété de sens […] la rend capable d’exprimer d’autres façons d’envisager le monde… ». Et ses remarques sur les pays cités dans l’ouvrage, leurs situations linguistiques particulières, la verve créatrice de leurs habitants, de même que ses observations sur la langue (vocabulaire, syntaxe) sont tout à fait éclairantes. C’est certes avec le sourire mais aussi un grand intérêt que l’on consultera ce livre bien présenté : les termes étudiés sont regroupés dans 27 chapitres suivant un ordre thématique. Les définitions sont claires, souvent mêlées d’humour, car il s’agit généralement d’expressions appartenant à la langue parlée, d’un registre familier, voire populaire ou argotique. On apprendra, par exemple, qu’à la Réunion, il a de la couleur signifie « il est né blanc » ; qu’au Congo-Brazzaville, un double désigne « une personne obèse » ; qu’au Québec, avoir de l’embonpoint veut simplement dire « avoir bonne mine », tandis qu’au Sénégal, si on vous a taillés, on vous a tout bonnement « mesurés » ! On regrettera, avec l’auteur, que l’éditeur n’ait pas jugé bon de faire suivre les chapitres de l’index alphabétique et même de l’index par pays, qui faciliteraient la consultation. Ces index existent : on les trouve sur le site web www.armand-colin.com. Vous aimerez ce livre qui rappelle que notre langue n’appartient pas aux seuls Français, mais à tous ceux qui la font vivre ! Claudie Beaujeu

Voici deux remarquables petits ouvrages, illustrés de gravures d’époque, que nous propose Honoré Champion dans sa nouvelle collection « Champion les mots », pour 9 € chacun. L’auteur, éminent professeur d’Université, est l’heureux possesseur de quelque dix mille dictionnaires !

LE LOUP, de Jean Pruvost, préface d’Henriette Walter
Honoré Champion, « Champion les mots », 2010, 144 p., 9 €
Du loup ravissant au loup-garou... Les loups au siècle des philosophes... Les loups dans les dictionnaires... Expressions, proverbes à profusion... Place aux penseurs, poètes et humoristes... Index des mots et noms propres.
Bibliographie fournie et adresses de parcs à loups. Rien ne manque ici pour satisfaire votre faim de loup.

LE VIN, de Jean Pruvost, préface de Bernard Cerquiglini
Honoré Champion, « Champion les mots », 2010, 126 p., 9 €
La première définition du mot vin... Le vin sous Louis XIV et au siècle des Lumières... Force expressions et proverbes... Le vin dans tous les sens... Du vignolant et de la vigne torse ou soucheuse... Index. Abondante bibliographie. Si vous n’êtes pas abstème mais acratopote, vous apprécierez ce texte autant qu’un vin charnu et gouleyant. Nicole Vallée

PAROLES DE VIN, de Marc Lagrange, préface de Michel Lis
Féret, 2010 3e édition, 254 p., 19,80 €
Dédié à la mémoire d’un grand amoureux des mots et du vin, Pierre Desproges, ce gouleyant ouvrage réjouira nos lecteurs... même les plus déterminés des buveurs d’eau. De mots savantissimes ou argotiques en locutions, citations, proverbes et savoureuses contrepèteries, il est à consommer sans modération.
Que signifie grumer1 ? Qu’est-ce qu’un vin mordoré2 ? Saviez-vous que : « Vigneron à la Saint-Valentin doit avoir la serpette en main » ? Et que : « Enfant nourri de vin, femme parlant latin, rarement font bonne fin » ?
Qui a dit : « Un montrachet devrait être bu à genoux et nu-tête »3 ? Et on ne vous citera pas de contrepèteries, vous en avez une bonne centaine à décrypter... tout en savourant votre verre de... bergerette4. Abondante bibliographie. Nicole Vallée
1. Sentir les arômes. 2. Vin d’un âge avancé à la robe brun-jaune. 3. A. Dumas. 4. Vin mêlé de miel.

L’ORTHOGRAPHE EST UN JEU, de Nicole Ricalens-Pourchot,
Librio, « Mémo », 2010, 96 p., 3 €
Et voici 50 jeux agréables, astucieux, parfois retors, pour soigner efficacement vos « maux d’orthographe », si bien ancrés et graves soient-ils. Doublera, doublera pas ?... Mettez l’accent... N’ayez pas mauvais genre... Des sosies troublants... et un bonus : Les TEXTOS !! L’auteure (mais oui) est linguiste et a déjà commis plusieurs ouvrages consacrés à notre chère langue [voir plus haut]. Nicole Vallée

CAHIER DE DICTÉES POUR ADULTES, QUI PENSENT QUE LEUR ORTHOGRAPHE EST PARFAITE ET QUI N’ONT PAS PEUR DES SURPRISES !, de Valentine Masson
Éditions Edigo, 2010, 66 p., 4,95 €
Lequel d’entre vous ne s’est pas essaillé aux redoutables dictées de Bernard Pivot ? Exerssez-vous maintenent à débusker les vingt fôtes contenus dans chacun des vingt-deux textes orijinaux ou emprintés aux bons auteurs », soumis à vôtre sagacyté. Fort heureusement pour vous, leur diabolique compilatrisse vous en fournis les corrigés (à ne regarder qu’en désespoir de cose) et même des explicassions détaillées. Et quand vous serez sûrs de vous, pourquoi ne pas vous délecter à torturrer votre entouraje. Nicole Vallée

NOMS D’OISEAUX. L’INSULTE EN POLITIQUE DE LA RESTAURATION À NOS JOURS, de Thomas Bouchet
Stock, 2010, 306 p., 19,50 €
De tout temps, l’espace public a résonné d’assauts verbaux, de noms d’oiseaux plus ou moins dévalorisants ou humiliants. Certains sont d’une insigne grossièreté, d’autres témoignent d’une réelle inventivité qui les rendrait presque excusables. « C’est le ventre, c’est le croupion qui travaillent au bonheur de la France » (charge contre la monarchie de Juillet). La cruelle formule « Napoléon le Petit » de Victor Hugo survit toujours à sa victime. « À Charenton, l’énergumène ! » désigne en 1871 le député Langlois, « Ferry-Tonkin », le ministre Jules Ferry en 1885. « Votre carrière est faite de ruines ! », lance Déroulède à Clemenceau. « Hybride ethnique et hermaphrodite », ainsi Léon Daudet traitait-il Léon Blum. Et un savoureux pêle-mêle : « Gouvernement de la misère et de la matraque » – « Chiens-couchants » – « Lois scélérates » – « Vous n’êtes pas seulement prétentieux, vous êtes ridicules ».
Beaucoup de ces assauts ne sont d’ailleurs pas retranscrits dans le Journal officiel. Nous laissons aux lecteurs le « plaisir » de retrouver eux-mêmes diverses aménités contemporaines. Index des noms de personne. Bibliographie. Nicole Vallée

L’HIPPIPHONIE, L’ARGOT DU TURF, de Lefanstouf
Horay, « Cabinet de curiosité », 2010, 204 p., 17 €
Stéphane Moreau, qui se cache modestement sous le pseudonyme de Lefanstouf (pour les non-initiés : c’est le louchébem de Stéphane), nous livre un truculent lexique du vocabulaire des champs de courses. Illustré agréablement de vieilles images, cet ouvrage donne les termes classiques et argotiques du monde des courses hippiques. De nombreuses citations éclairent le lecteur. Quelques planches didactiques complètent la formation du parfait turfiste. C’est un joli livre et un beau travail d’inventaire lexicographique qui souligne la richesse de la langue française. Marceau Déchamps

LES MOTS DU MOYEN ÂGE, de Fabienne Calvayrac, illustrations de Marion Vialade
Éditions du Cabardès, 2009, 66 p., 11 €
Une quantité de savoureuses expressions qui nous font revivre une lointaine époque, mais ont perduré jusqu’à nos jours : pays de Cocagne... Jeter le gant... Entremets... Tenir le haut du pavé... présentées avec beaucoup de pertinence et d’humour. Chaque expression, définie avec son sens médiéval et actuel, est joliment illustrée à la manière d’une gravure ancienne. À offrir... Nicole Vallée

DICTIONNAIRE DES VERBES DU FRANÇAIS ACTUEL. Constructions, emplois, synonymes, de Ligia-Stela Florea et Catherine Fuchs, collaboration de Frédérique Mélanie-Becquet
Ophrys, « L’essentiel français », 2010, 272 p., 20 €
Environ 2 500 verbes, grâce auxquels tous les usagers de la langue sauront construire, comprendre ou reformuler une phrase dans toutes les circonstances. Chacun y trouvera son compte et pourra acquérir les bons réflexes en vue d’une meilleure maîtrise de la langue. L’ouvrage intéressera également les traducteurs et les professeurs de français, (langue maternelle ou étrangère). Nicole Vallée

LA PETITE BROCANTE DES MOTS. BIZARRERIES, CURIOSITÉS ET AUTRES ENCHANTEMENTS DU FRANÇAIS de Thierry Leguay
Éditions Points, « Le goût des mots », 2010, 188 p., 6 €
Pour vous présenter ce délectable thésaurus, votre chroniqueuse n’aura pas à se torturer les méninges... Il lui suffira d’aligner quelques intitulés de ses quarantesix chapitres et vous souhaiterez le dévorer : Alaise, alèse, alèze – Le cumiscaphile bélonéphobe – Je beline, tu biscottes, il bricole – Marchand d’ail – Poubelle et Béchamel – Vous m’encendrez et m’encapuchonnez le coeur... Bien entendu, vous avez toujours voulu savoir ce qu’était : aimetier1 – nombrier2 – saintier3 – Sparnacien4 – Audomarois5 – un tesseravéhiculophile6... et que le milan huit et la souris chicote ! Copieuse bibliographie. Nicole Vallée

1. Fabricant d’hameçons. 2. Comptable. 3. Fondeur de cloches. 4. Habitant d’Épernon. 5. Habitant de Saint-Omer. 6. Collectionneur de tickets de transport.

DU PLOMB DANS LE CASSETIN, de Jean Bernard-Maugiron
Buchet/Chastel, 2010, 112 p., 11 €
Correcteur au quotidien Sud Ouest, Jean Bernard-Maugiron se met, avec ce roman, dans la peau d’un typographe de journal, obligé de devenir lui-même correcteur. Son personnage, solitaire et paumé, symbolise un peu les problèmes de cette profession sinistrée. Son parcours se termine mal...
On appréciera ses réflexions et digressions concernant ce métier spécialisé, ainsi qu’une lettre adressée jadis à l’Académie française par la Société des correcteurs des imprimeries de Paris. Par exemple : « Donner de la clarté au discours par l’emploi d’une ponctuation sobre et logique ; […] veiller à l’observation scrupuleuse des règles de l’art. » Il est sûr que ces règles restent toujours parfaitement pertinentes. Un petit ouvrage hautement personnel qui se lit avec le plus grand plaisir. Christian Nauwelaers

BOSSUET LANGUE MORTE, de Jean-Michel Delacomptée
Gallimard, 2009, 208 p., 18 €
L’auteur de cet essai biographique consacré à l’évêque de Meaux constate le quasi-oubli dans lequel celui-ci est tombé. Mais il faut bien admettre que le récit de sa vie, extraordinairement riche sur le plan intellectuel, est celui d’un temps où triomphait le catholicisme le plus rigoriste, notamment au travers de l’extrémisme bigot de son ami Rancé. Cet opuscule discret, dans le déluge des parutions littéraires ou simplement livresques (!), vaut surtout pour les réflexions de l’auteur sur la langue, celle dont Bossuet avait fait une arme d’éloquence imparable au XVIIe siècle. « La distinction passe pour de l’ampoulé, l’exigence pour de l’élitisme. La grandeur nous rabaisse. Bossuet ne raisonnait pas ainsi. » Aimons la belle langue, quoi qu’en dise l’époque !
Christian Nauwelaers

Signalons aussi :
  • de Jean-Pierre Colignon :
    - JE N’APERÇOIS QU’UN P À APERCEVOIR (Les éditions de l’Opportun, 2010, 158 p., 11 €).
  • d’Henri Suhamy :
    - LES FIGURES DE STYLE (PUF, 2010, 128 p., 9 €).
  • du CETMF (Comité d’étude des termes médicaux français)
    - POUR UN LANGAGE MÉDICAL VIVANT ET CORRECT (La Maison du dictionnaire, 2010,
    172 p., 27 €).
  • VERBES SAGES ET VERBES FOUS, de Michel Arrivé (Belin, « Le français retrouvé », 2010,
    288 p., 7 €).
  • DICTIONNAIRE DES INJURES LITTÉRAIRES, de Pierre Chalmin (L’Éditeur, 2010, 736 p., 29 €).
  • PARLONS DU FRANÇAIS, sous la direction de Lakis Proguidis (Flammarion, L’Atelier du roman, n° 63, septembre 2010, 240 p., 15 €).
  • DICTIONNAIRE DU RUGBY. L’OVALIE DANS TOUS SES SENS, de Sophie Lavignasse (Honoré Champion, « Champion les dictionnaires », 2010, 616 p., 19 €), préfacé par Serge Kampf.
  • L'ORTHOGRAPHE SANS SE FOULER, de Jean-Michel Oullion (Marabout, 2010, 288 p., 5,90 €).
  • DICTIONNAIRE DES SENTENCES LATINES ET GRECQUES, de Renzo Tosi, traduit par Rebecca Lenoir (Jérôme Millon, 2010, 1 792 p., 29 €), précédé d’un petit essai impertinent d’Umberto Eco.
  • MOTS EN TOC ET FORMULES EN TIC, de Frédéric Pommier (Seuil, 2010, 170 p., 13 €).
  • LA LANGUE LITTÉRAIRE. UNE HISTOIRE DE LA PROSE EN FRANCE DE GUSTAVE FLAUBERT À CLAUDE SIMON, sous la direction de Gilles Philippe et Julien Piat (Fayard, 2009, 576 p., 29 €).
Nos adhérents publient
  • Hamlet, Lear et Macbeth, histoire de trois personnages shakespeariens, par Henri Suhamy (Ellipses marketing, 2010, 384 p., 25 €).
  • René Trevet publie aux éditions Amalthée (2010, 276 p., 20 €) À bâtons rompus, qui relate des épisodes peu connus des deux guerres mondiales.
  • Alfred Herman a publié un nouveau recueil de poèmes dédiés à sa femme : Mon apocalypse (éditions du Cèdre, 2010, 80 p.).
  • La Mémoire du vent (Calmann- Lévy, 2010, « France de toujours et d’aujourd’hui », 304 p., 19 €), nouvel ouvrage d’Alain Dubos : à la suite de la mort de son père, le héros se trouve tiraillé entre la maison familiale dont il souhaite se séparer et le pays landais, auquel il s’attache peu à peu.
  • Signalons la réédition des Lettres de Dupuis et Cotonet, d’Alfred de Musset (France Univers, 2010, 132 p., 18 €), La préface de Michel Mourlet présente cette oeuvre, qui préfigure le Bouvard et Pécuchet de Flaubert, et décrit, de façon aussi éclairante, la personnalité de Musset.
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