Défense de la langue française   
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DLF, n° 253

DICTIONNAIRE DE LA DER DES DER. LES MOTS DE LA GRANDE GUERRE (1914-1918) de Benoît Meyer, préface de Jean Pruvost
Honoré Champion, « Champion les dictionnaires », 2014, 348 p., 19 €
Voici un ouvrage sur la Grande Guerre qui réunit sous la forme la plus facile à consulter, l’ordre alphabétique, une leçon d’Histoire avec les portraits des principaux protagonistes, et une leçon de géographie énumérant les territoires où se déroulèrent les combats, ainsi que de nombreuses photos de l’époque.
Ce qui fait le lien de ces entrées, c’est le vocabulaire nouveau qui caractérise cette époque. D’abord l’« Union sacrée » (accord politique entre les partis, qui dura jusqu’en 1917). Cette expression emphatique ouvre la voie à l’horreur de la guerre. Ainsi, ces « gueules cassées », soldats défigurés par les éclats d’obus (280 000 en France, Grande-Bretagne et Allemagne). Ceux-ci entraînent dans leur sillage les estropiés (un millier d’entre eux défilèrent le 14 juillet 1919).
On évoquera aussi la « Voie sacrée », unique route de ravitaillement pour les Français lors de la bataille de Verdun, par laquelle on achemina 413 000 hommes au front et évacua 242 000 blessés. Et dans l’enfer des combats, cette « Chanson de Craonne », du nom éponyme du plateau où ceux qui seront les mutins de 1917 disent un adieu déchirant à la vie. Ces « sacrifiés » ont connu ensuite le « Chemin des Dames », tristement célèbre par les pertes militaires considérables (40 000 morts et 90 000 blessés pendant les trois premiers jours). Mais on a oublié que ce nom charmant était celui d’une route de 30 kilomètres tracée par Louis XV pour la promenade de ses filles. Cependant, si les mots de la Grande Guerre ont pris leur place dans la langue, c’est bien grâce à nos écrivains (l’auteur leur accorde une entrée importante), qui figurent dans ce livre sous la forme de nombreuses citations. Seule la littérature sort vivante de ce massacre. Monika Romani

COMMENT LES MÉDIAS NOUS PARLENT (MAL). « CONTRE LE PESSIMISME MÉDIATIQUE ET SES EFFETS PERVERS », de Mariette Darrigrand
Éditions François Bourin, 2014, 80 p., 9 €
Quand une experte sémiologue se penche sur les flux médiatiques, elle se sent soudain prise de vertige devant tant de paroles aussi dénuées de sens véritable qu’inutiles. Elle pointe pour nous, soumis volontaires, les tics du langage journalistique aux effets dévastateurs sur les débats publics. Elle implore le prétendu « 4e pouvoir » de réfléchir fructueusement aux mots, discours, clichés qu’utilisent les médias. Saviez-vous, par exemple, que dans « le langoureux chant des cygnes », règnent en maîtres « fragiles » et « fragiliser », « réindustrialiser », « réenchanter »... ? Un ouvrage sérieux et qui vient à point. Nicole Vallée

MY TAILOR IS RICH BUT MY FRANÇAIS IS POOR, d’Alain Schifres
Éditions First, 2014, 144 p., 12,95 €
Jamais peut-être le bas franglais contemporain n’a été croqué avec autant de pertinence et de saveur. Alors, trois fois alas, se fût exclamé l’amant d’Ophélie (Ophelia’s Lover). Quelques-uns des chapitres : « D’une langue que personne ne parle » ; « Que les indigènes sont touchants en dépit de leurs moeurs » ; « Que le français fait honte aux Français » ; « Que la life est too short mais qu’elle vaut mieux qu’une vie trop courte »... Les abondants exemples de globish fournis sont tous tirés d’une presse « normale » et ne sont pas traduits. De même pour les très sérieux exercices. Débrouillez-vous car vous êtes censés comprendre parfaitement : le bubble tea est le néo-smoothy ; une fashion victim accro aux kitten heads, le denim joue les promqueens... Vous avez tout de même droit à des révélations détaillées sur le sens des mots suivants : addict, booster, box, coach, food, French, list, live, mix, mom, nude, qui vous empêcheront de mourir idiots (die stupid). Quand même une petite devinette (a little guess). Qui a dit : « Quand la langue en usage général n’est plus que du globish, en l’occurrence du global English, et qu’il n’y a plus ni invention ni goût, ni jugement, il n’y a tout simplement plus de langue. » (L’éminente linguiste Barbara Cassin.) Nicole Vallée

AU BOIS DES TROPES, d’Anne de Zeere
EdiLivre, 2013, 30 p., 8,50 €
Voici un joli récit illustré destiné au moins autant aux enfants qui découvrent la magie des mots qu’aux adultes qui pourraient l’avoir oubliée.
Aurore, « Au bois des tropes », telle Alice au pays des merveilles, rencontre des animaux dotés de parole, incarnations vivantes de la puissance infiniment créatrice du langage. Un écureuil géant lui présente l’hyperbole, figure de style de l’exagération, une gracieuse hirondelle la litote, tout en nuances, et une bande de « métonains » lancent en courant la métonymie, terme énigmatique que la petite fille saura résoudre seule, en se qualifiant d’emblée de « fine bouche » ! Puis ce sera le chêne séculaire gardien jaloux de l’oxymore, forme poétique, telle « cette obscure clarté qui tombe des étoiles » (Victor Hugo) ; le champignon maître de la métaphore, façon imagée de parler que nous pratiquons spontanément ; et enfin, la sinueuse couleuvre de la périphrase, qui se plaint que sa vie est fatigante « puisque pour dire la même chose, il me faut à la fois plus de mots et plus de salive ! » À nous maintenant de flâner élégamment dans cette forêt enchantée ! Monika Romani

PETIT LIVRE DES MOTS D’ESPRIT (11,90 €) et PETIT MANUEL DES FANTAISIES DU LANGAGE (13,90 €),

de Delphine Dupuis Éditions des Vieux Tiroirs, 2014, 126 p. Voici deux petits ouvrages, présentés à l’ancienne sous couverture cartonnée et illustrée, qui appartiennent à « La Bibliothèque plaisante et enrichissante à usage des bavards ». Les Mots d’Esprit porte en sous-titre « la fine fleur de la repartie à la française », les Fantaisies du langage sont simplement destinées sans autres précisions à ceux qui sont volubiles et diserts. L’un et l’autre ouvrages se lisent avec plaisir. Ils apportent des précisions sur des expressions qui sont souvent des automatismes. Pourquoi se mettre en rangs d’oignons ? Pourquoi donner sa langue au chat ? Il est plus facile de savoir pourquoi le « patachon » peut mener une vie de bâton de chaise. Bien des curiosités et des hypothèses quand l’origine véritable de l’expression trouve un contestataire ou un imaginatif. Les mots d’esprit renvoient quasiment toujours à des personnages célèbres ou qui se sont distingués par leur originalité, des rois, des poètes, des originaux. Il y a bien des mots à retenir, comme cette réponse à Napoléon qui avait reproché à l’auteur d’une pièce d’avoir écrit après Corneille et Racine : « Votre Majesté a bien livré des batailles après Turenne. » Beaucoup d’agrément à trouver dans ces deux petits volumes joliment illustrés ! Jacques Dhaussy Jacques Dhaussy

EXPRESSIONS DÉSUÈTES de Dominique Foufelle
Chêne, « Les couleurs du français », 2014, 256 p., 9,90 €
Ce sympathique ouvrage (le sixième de la série), qui ose la couleur vert amande, saura vous surprendre. Certes, le thème des expressions, plus ou moins connues, qui fleurissent notre langage hexagonal et aussi planétaire (si, si), a été souvent traité. Mais notre auteure est parvenue à en retrouver d’aussi anciennes que savoureuses, méritant bien de sortir d’un injuste oubli. Elle les a mises en situation dans de courts textes qui vous donneront envie d’en pimenter votre conversation. Belle joueuse, elle rend hommage aux linguistes professionnels, notamment au grand Émile Littré et à son digne successeur, Alain Rey. Voici quelques exemples bien choisis, et... sans explication : Connu comme le loup blanc ; Tomber en rideau ; Faire un pas de clerc ; Prendre du carat ; Moulé dans un cor de chasse ; Rester baba ; Trouver la pie au nid... Index. Bibliographie. Nicole Vallée

LAROUSSE ILLUSTRÉ 2015, illustrations J.-C. de Castelbajac
Larousse, 2014, 256 p., 29,90 € (110e édition)
Le voici, il est arrivé, plus jeune que jamais, à 110 ans, plus moderne, plus illustré, plus accueillant, plus... tout, sous une originale couverture, intérieure et extérieure, avec les pages de garde et les lettrines créées par Jean-Charles de Castelbajac.
Le Petit Larousse illustré 2015, 62 500 mots, 125 000 sens, 20 000 locutions ; 28 000 noms propres (personnalités, lieux, évènements) accompagnés de photographies et de cartes ; 4 500 compléments encyclopédiques ; une chronologie universelle ; plus de 150 planches illustrées. L’accès gratuit au dictionnaire internet Larousse 2015. Un petit trésor de locutions francophones dû à Bernard Cerquiglini. 150 mots nouveaux, d’autoconservation à zaraguina.
L’adoption de 50 nouvelles personnalités (et pas au détriment des anciennes), du cuisinier Georges Blanc à l’actrice Charlotte Rampling (Ang Lee, Boltanski, Chopinet et Kechiche...). Nicole Vallée

PETIT DICO FRANGLAIS-FRANÇAIS, d’Alfred Gilder
First Éditions, 2014, 160 p., 2,99 €
Ah, le précieux petit ouvrage à glisser dans votre poche (8,5 x12 cm) ! Son auteur, spécialiste en terminologie, vous fournit pour plus de mille anglicismes leur équivalent français et leur définition. Ainsi, n’aurez-vous plus aucune excuse à truffer (les truffes, au moins, c’est savoureux !) votre conversation, vos écrits, vos courriels, vos textos de design, flyer, mug, sniper, stress, et autres zoom. Nous disposons, entre autres, de stylisme, papillon, choppe, franc-tireur, tension, plan serré...
Étonnez les membres de votre amicale (club), ils vous inviteront au verre de l’amitié (cocktail), ou à un buffet matinal (brunch), en espérant que vous ne souffrez pas d’épuisement (burn out).
Profitons de l’occasion, avec l’agrément de l’auteur, pour rappeler que le terme de franglais a été inventé en 1947 par le grammairien Maurice Rat, l’un des pères fondateurs de DLF, auquel René Étiemble rendit hommage dans la préface de son Parlez-vous franglais ? Nicole Vallée

DICTIONNAIRE DU NOUVEAU FRANÇAIS., d’Alexandre des Isnards
Éditions Allary, 2014, 228 p., 21,90 €
Nouveau français ? Qu’est-ce à dire ? Certes, voici le complément indispensable, et iconoclaste (se vante son auteur), des dictionnaires classiques, mais ne pouvons-nous en même temps regretter (déplorer ?) d’être obligés d’admettre ces 400 entrées, parmi lesquelles des bashing, brainstorming, burnout, fail, impacter, OMG, poutrer, think tank, twister, et autres webzine... si nous entendons être de vrais hypes capables de prendre le lead. Nous pouvons aussi nous atteler à transcrire tous ces termes, venus du « globish » et du numérique, dans « notre » français courant. Et ce n’est pas si malaisé : dénigrement, remue-méninges, épuisement, raté, affecter, OMD (oh mon Dieu), démolir, groupe de réflexion, déformer et magazine de l’internet branché et décideur. Moyennant quoi, nous souhaitons d’être gagnant (winner) et bancable à l’amical (friendly) auteur de cet ouvrage devenu si nécessaire (must have) auquel nous donnons (fût-ce à tort ?) notre assentiment (nous le plussoyons). Nicole Vallée

LANGUE ET SCIENCE, d’Alain Bentolila et Yves Quéré
Plon, 2014, 216 p., 15,90 €
Deux grands esprits contemporains, un linguiste et un physicien, ont collaboré avec pertinence et autorité pour nous démontrer que, loin d’être antinomiques, langue et science sont deux soeurs jumelles inséparables et complices. Ils s’adressent aux parents, grands-parents, enseignants, à tous les citoyens curieux de notre XXIe siècle qui aiment la précision du langage et l’intégrité de la pensée. Un de leurs objectifs : donner à nos enfants le goût des mots et le désir de savoir. Ils souhaitent que la priorité de l’école soit : « Lire, écrire, compter, et raisonner. » Ils nous énumèrent : dix choses à dire aux enfants sur la langue, dix sur la science et les dix principes de La main à la pâte, passionnante entreprise de rénovation de l’enseignement de la science à l’école. Index des noms propres. Nicole Vallée

Signalons aussi :
  • FRANÇAIS PARLÉ DE CÔTE D’IVOIRE, d’Athanase Abou Ahouzi (L’Harmattan, 2014, 358 p., 37 €).
  • 365 EXPRESSIONS LATINES EXPLIQUÉES, de Paul Désalmand et Yves Stalloni (Chêne, 2014, 288 p., 15, 90 €).
  • PETIT ABÉCÉDAIRE DE LA GRANDE GUERRE, de Jean-Pierre Colignon (Le Courrier du Livre, 2014, 192 p., 14,90 €).
  • À paraître : LE CHAMPAGNE !, de Jean Pruvost (Honoré Champion, « Champion les mots », 2014, 9,90 €).

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  • J’ÉCOUTE PARLER NOS GENS !, de Claude Lagacé (Les Éditions GID, 2014, 136 p., 20,10 €, 17.95 $).
  • LA VÉRITABLE ORIGINE DES PLUS BEAUX APHORISMES, de Dominique Noguez (Payot, 2014, 238 p., 15 €).
  • CHIENNE DE LANGUE FRANÇAISE !, de Fabian Bouleau (Points, 2014, 64 p., 3,10 €).
  • Aux éditions Larousse, 2014 (96 p., 5 €) : CONTREPÈTERIES, de Jacques Antel et CALEMBOURS, de Marc Hillman et Pierre Chaland.
  • ÉPIGRAMMES, d’Ambrose Bierce(traduit par Thierry Gilyboeuf) (Éditions Allia, 2014, 64 p., 3,10 €).
  • LES EXPRESSIONS LES PLUS TRUCULENTES DE LA LANGUE FRANÇAISE, de Daniel Lacotte (Larousse, 2014, 256 p., 12,90 €).
  • LA COMPARAISON ET SON EXPRESSION EN FRANÇAIS, de Catherine Fuchs (Ophrys, 2014, 180 p., 18 €).
  • LES MOTS PRÉFÉRÉS DES INTERNAUTES, de Guillaume Terrien, illustrations de Pouch (Zeugmo , 2014, 132 p., 15 €).
  • LES 1001 EXPRESSIONS PRÉFÉRÉES DES FRANÇAIS, de Georges Planelles (L’Opportun, 2014, 1 172 p.,14,90 €).
  • TRADUCTEUR, AUTEUR DE L'OMBRE, de Carlos Batista (Arléa, 2014, 116 p., 7 €).
  • LES BAGATELLES DE LA PORTE. PRÉCIS DES PRÉLIMINAIRES AMOUREUX, d’Agnès Pierron (Fayard/Pauvert, 2014, 326 p., 18 €).
  • CHANSONS ET TEXTES DROLATIQUES DE SALLE DE GARDE, du docteur Pierre-Louis Choukroun, illustrations d’André Patlajean (Éditions du Dauphin, 2013, 272 p., 23 €).
Nos adhérents publient
  • Nadine Najman donne la parole à deux civils ayant subi pendant quatre ans l’occupation allemande dans deux villages au nord de Reims : 1914-1918, dans la Marne, les Ardennes et la Belgique occupées (L’Harmattan, 2014, 157 p., 16,50 €).
  • Pour remplir un silence assourdissant, Déo Namujimbo, lauréat de La Plume d’or en 2008, explique et décrit : Je reviens de l’enfer. Reportage de guerre à l’est de la RD Congo (août-septembre 1998) (L’Harmattan, 2014, 192 p., 20 €).
  • Aux Éditions Glyphe, qu’il dirige, Éric Martini nous signale : Molitor, les piscines et la patinoire, de Claude Weill (2014, 136 p., 20 €) et Prof des taulards, d’Aude Siméon (2014, 240 p., 16 €) qui, depuis quinze ans, enseigne le français aux prisonniers.
  • Le dernier livre de Christian Massé : Le Temps ininterrompu, Anthologie 2002-2013 (Antya éditions, 2014, 74 p., 10 €) regroupe récits, billets d’humeur, etc., parus dans plusieurs journaux ou ouvrages. Y figure son action au sein de DLF. Il est aussi le rédacteur d’une conférence intitulée Palestine... Terre sainte... Terre souffrante... (Antya, 2014, 62 p., 11 €).
  • Dans la revue trimestrielle Livr’arbitres (n° 14), Bernard Leconte présente trois livres : L’Escalier de fer, de Georges Simenon et Lazaret, d’Alain Paucard (l’un et l’autre réédités par L’Âge d’homme), et Sur l’océan de nos âges, de Françoise Pirart (Éditions Luce Wilquin). À lire encore dans cette revue les propos recueillis auprès d’Alexandre Astruc par Catherine Distinguin sur Roland Laudenbach, l’un des fondateurs de la Table ronde en 1944, ainsi qu’un article de Michel Mourlet sur ce dernier.
  • Michel Franco n’a eu de cesse d’essayer de comprendre le monde arabe à travers ses voyages d’Abou Dhabi à Beyrouth en passant par Tunis et Tétouan : Mon Alphabet du Monde [arabe] (TheBookEdition.com, « Plumes au bout des doigts », 2014, 182 p., 14 €).
  • Avec Concerto à la mémoire des ombres du passé (www.editions-acala.fr, 2014, 102 p., 10 €), Évelyne Barelli- Franco nous livre de beaux poèmes, évoquant souvenirs, passions et émotions.
  • Jacques Dhaussy signe une chronique sur la langue française dans le numéro 129 de la revue L’Écrivain combattant.
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