Défense de la langue française   
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EXPOSÉ DE GIL KRESSMANN LE 17 JANVIER 2013
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Je vous remercie de m’avoir invité à présenter le livre que j’ai publié récemment aux éditions Artena et qui s’intitule : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le tennis et autres jeux de balle sans jamais savoir où le trouver. Ce titre un peu long est un petit clin d’oeil à Woody Allen, comme vous l’avez sûrement reconnu.



Ce livre se présente sous la forme d’un abécédaire insolite qui, sous le prétexte d’expliquer l’histoire et la pratique des sports de balle, permet de passer en revue tous les mots et expressions du vocabulaire utilisés dans les sports de balle. Nombreuses sont celles qui sont devenues des expressions très populaires de la langue française.

Qu’est-ce qui m’a conduit à écrire ce livre ?

Je ne suis pas linguiste mais, depuis ma première jeunesse, je joue au jeu de paume (ainsi qu’au tennis, son descendant). Avec le temps, j’ai pris quelques responsabilités associatives dans le cadre de ce sport : ainsi j’ai été président de la Société sportive du Jeu de paume de Paris et membre du Comité français du Jeu de paume.

Dans le cadre de ces responsabilités, j’ai eu l’occasion de répondre fréquemment aux journalistes qui m’interrogeaient sur ce sport dont ils ignorent tout tellement il est devenu confidentiel dans notre pays (5 courts en France seulement actuellement contre plusieurs centaines au XVIIe siècle). J’ai remarqué que ces journalistes étaient toujours très friands de m’entendre leur parler des expressions de la langue française issues du jeu de paume comme, par exemple :
« Qui va à la chasse perd sa place », « rester sur le carreau », « les enfants de la balle », « bisque, bisque, rage. », « tomber à pic », « se renvoyer la balle », « prendre la balle au bond », « la pierre d’achoppement », « épater la galerie », « bon pied, bon oeil », etc.

Je me suis donc décidé, il y a cinq ans, à partir à la recherche de ces expressions issues du jeu de paume dont certaines avaient déjà été repérées par des auteurs comme Alain Rey, Claude Duneton... Mais je me suis aperçu rapidement que ces spécialistes étaient loin d’avoir épuisé le sujet, probablement parce qu’ignorant tout du jeu de paume ils passaient à côté de nombreux mots et expressions dont j’ai pu trouver l’origine dans le jeu de paume.

Mes références

Pour ma recherche, je me suis d’abord lancé dans l’analyse des ouvrages sur les jeux de balle déjà en ma possession (je suis collectionneur et j’ai une centaine de livres sur les jeux de balle depuis le XVIIe siècle).

Puis une recherche bibliographique complémentaire m’a conduit à fouiner dans les livres évoquant le contexte historique du jeu de paume à un titre ou à un autre : religieux, politique, militaire, sociétal… Sachez que le jeu de paume remonte au XIe siècle et qu’il fut tellement populaire au XVIe siècle que les plus hautes autorités politiques et religieuses sont intervenues pour interdire la pratique de ce jeu à certaines catégories de paumistes comme les étudiants, les artisans, les prêtres, pour ne pas déborder sur leur temps de travail ou sur le temps consacré à leurs paroissiens ou à leurs études.

J’ai aussi étudié les nombreux dictionnaires ou ouvrages consacrés aux expressions de la langue française, soit récents, soit plus anciens, pour aller aussi à la découverte d’expressions ayant pu être utilisées autrefois mais dont l’usage a disparu aujourd’hui. Je dois dire que la recherche dans le célèbre Dictionnaire universel de Furetière m’a beaucoup apporté.

Au fur et à mesure de mes recherches, j’ai alors été très étonné par l’ampleur de ma récolte. Cela m’a incité à prolonger ma recherche au-delà du jeu de paume, pour étudier le vocabulaire et expressions des autres jeux de balle, sports nés pour la plupart au XIXe siècle et tous issus du jeu de paume, comme les jeux de pelote dite basque, le tennis, le jeu de tambourin, le squash et bien d’autres jeux encore.

J’ai découvert naturellement un vocabulaire très souvent commun entre tous ces sports qui se pratiquent avec une balle et une raquette. Le vocabulaire de tous ces jeux de balle s’est naturellement inspiré de celui du jeu de paume.

Le langage des jeux de balle fâché avec la langue française ?

Mais il a aussi été fortement influencé par les Anglais. Cela s’explique aisément puisque le jeu de paume a été inventé par les Français alors que les jeux de balle dérivés du jeu de paume et devenus très populaires comme le tennis et le squash, voire le badminton, ont été inventés par les Anglais. Ainsi, l’utilisation de la langue anglaise dans ces nouveaux sports a été intensive par facilité ou par snobisme.

Les sports de balle comme le tennis puis le squash ont en effet, dans un premier temps, séduit la bourgeoisie française avant de devenir plus populaire. Le tennis s’est ainsi d’abord imposé en France dans les villes, les stations balnéaires ou hôtels de luxe fréquentés par les Anglais et les Français aisés.
Le snobisme aidant, les joueurs de tennis pouvaient ainsi se différencier de leurs concitoyens en utilisant un vocabulaire anglais de bon aloi pour rester entre soi. (Voir Bourdieu : De la Distinction).

Au tout début du tennis, on peut aussi critiquer le manque de volonté des instances sportives qui n’ont pas pris la peine d’imposer rapidement en français les nombreux termes sportifs usités dans les pays anglo-saxons. Heureusement qu’il y a nos amis francophones canadiens pour être plus vigilants que nous. Nul n’est prophète en son pays. J’ai en effet pu trouver chez eux quelques mots traduits par leur soin. Ex : Break = bris.
Certains mots anglais ont tout simplement été « francisés » comme breaker, débreaker, smasher, lober... Ne devraient-ils pas être bannis de notre vocabulaire ?
D’autres mots ont été carrément inventés pour « faire anglais », comme tennisman ou tenniswoman qui n’existent pas dans la langue anglaise. On devrait tout simplement dire comme les Anglo-Saxons : joueur de tennis ou joueuse de tennis. Aux débuts du XXe siècle, on a bien parlé de tennisseur, mot officialisé au Journal officiel en 1990 mais beaucoup trop tardivement pour être adopté et changer un siècle de mauvaises habitudes.

Cette anglicisation de la sémantique illustre une fois de plus un certain déclin de la langue française dans le sport comme ailleurs. Le jeu de paume s’efforce néanmoins de conserver un vocabulaire français qui remonte parfois à plusieurs siècles et demeure un bastion de la langue de Molière qui mérite d’être reconnu.

Face à cette découverte, je me suis donc dit qu’il fallait aussi que je profite de la rédaction de cet ouvrage pour défendre la langue sportive française. J’ai donc pris soin de rappeler que de nombreux mots franglais du vocabulaire des sports de balle ont très souvent leurs équivalents en français : drive, balle chopée, tennis elbow, fairplay, lawn-tennis, let, open, out, lob, match, net, score, set, smash...
D’autres termes comme smash ou passing shot n’ont pas été traduits. À son humble niveau, cet ouvrage a donc l’ambition de contribuer à promouvoir la langue française dans les milieux sportifs.

Notons cependant que quelques mots anglais utilisés dans les sports de balle sont néanmoins issus du vieux français, tels que sport, tennis, ace, deuce, court, love...

Deux niveaux de lecture

Cet ouvrage s’adresse, à un premier niveau de lecture, à tous les amateurs de sports de balle avides de mieux connaître et comprendre leur sport favori. On y trouvera la définition, parfois l’origine des mots communs à tous ces sports et issus généralement du jeu de paume, mais aussi les mots propres à chaque jeu de balle.

Cet abécédaire insolite évoque aussi l’histoire, les caractéristiques, les pratiques, les à-côtés et anecdotes de tous les jeux de balle, enfants de la paume, qui expliquent mieux qu’un long discours l’évolution de ces sports pratiqués par des millions de personnes de par le monde. Nous n’abordons que de manière marginale la technique et les règles de ces sports, que l’on retrouvera facilement dans les nombreux ouvrages spécialisés existants.

À un deuxième niveau, cet abécédaire insolite montre l’importance prise par le jeu de paume dans la société française, notamment pendant toute sa période faste de la Renaissance. Il fait apparaître que la langue française s’en est abondamment inspirée dans ses expressions écrites et son langage parlé. Dans son ouvrage De la précellence du langage françois (1579), Henri Estienne soulignait déjà que l’importance du jeu de paume au XVIe siècle se mesurait à l’aune de nombre d’expressions figurées dont notre langue lui était redevable.

Ce livre explique ainsi l’origine d’expressions françaises parfois abandonnées, quelquefois un peu désuètes, souvent encore très actuelles. On compte par dizaines celles qui inspirent notre quotidien, voire notre argot, et marquent notre littérature : le Dictionnaire d’Antoine Furetière (1690) en a recensé une trentaine et le premier Dictionnaire de l’Académie françoise (1694) en identifie trente-six qui ne sont pas toujours les mêmes que celles explicitées par Antoine Furetière (voir Lionel Crognier – Paume et tennis en France – XVe-XXe siècle – Le Jeu de paume trésor de la langue française – 2009).

Prenons maintenant quelques exemples que nous avons sélectionnés dans notre abécédaire pour illustrer nos propos (plus de 120 expressions ont été recensées). Nous avons retenu dans cet exposé un autre classement que l’alphabétique utilisé dans notre livre pour mieux faire comprendre la logique et la cohérence du vocabulaire.

Classement des expressions selon les instruments

Balle
Expression : À toi la balle

Sens propre : interpellation utilisée en partie de double lorsque l’un des deux joueurs demande à son équipier de renvoyer la balle à sa place parce qu’il considère qu’il est le mieux placé.

Au figuré : en 1690, À vous la balle signifiait : c’est à votre tour de parler, à vous d’agir, de prendre vos responsabilités sans attendre et de ne plus compter sur les autres, cela s’adresse à vous, cela vous regarde.

Expression : Balle à la main, Avoir la balle en main, Avoir la balle belle, l’avoir belle
Balle très facile à reprendre et offrant l’occasion d’un coup facile.
Au figuré, avoir la balle en main (1649), l’avoir belle (XIXe siècle), c’est être dans une situation favorable pour faire quelque chose.

Expression : Courir après la balle
Être toujours en retard sur la balle est le propre des joueurs inexpérimentés et pas forcément parce qu’ils ne courent pas assez vite, mais souvent par manque d’anticipation.

Au figuré : vieille expression issue du jeu de paume, citée par Furetière (1690), signifiant : se donner beaucoup de peine pour reprendre un avantage qu’on laisse échapper. « Il ne faut pas courir après la balle, c’est-à-dire il ne faut lâcher les sûretés qu’on a entre les mains, pour des choses incertaines. »

Expression : Raide comme (une) balle
À la paume, en vieux français, renvoyer la balle raide, c’était la frapper avec force, sans hésiter, sèchement.
Figuré : c’est aujourd’hui une figure de rhétorique : une « réponse raide comme balle » est une répartie violente, assénée du tac au tac, avec rudesse.

Expression : Se lancer la balle
Synonyme d’échanger, de discuter de façon ludique, voire dans un esprit de compétition.

Raquette
Expression : C’est un grand casseur de raquettes

Désigne un joueur puissant mais maladroit.
Figuré : expression citée par Furetière (1690) (2), qui « se dit pour se moquer d’un homme qui se vante de plusieurs choses qu’il n’a pas faites ».

Expression : S’escrimer de la raquette
Sens propre : s’affronter la raquette à la main.
Figuré : vieille expression qui signifiait disputer un échange avec un certain esprit de duel.

Expression : Venir sur la raquette
Une balle qui vient sur la raquette est une balle très facile à reprendre. Au figuré, se dit d’une chose avantageuse qui vient de soi-même (Littré).
On dirait aujourd’hui servir sur un plateau, c’est-à-dire apporter quelque chose à quelqu’un sans qu’il ait à faire le moindre effort.

Filet
Expression : Monter au filet
. Vient du tennis.
Au sens propre, se rapprocher du filet pour retourner la balle à la volée. Figuré : expression qui signifie s’engager en prenant des risques dans une démarche difficile.

Classement selon les parties du corps concernées
Bras
Expression : Jouer petit bras

Expression apparue dans les années 1980 dans le monde du tennis. Elle signifie retourner la balle de manière contractée, sans force, par crainte, au moment de frapper la balle, de la mettre hors du court. En conséquence, la balle ainsi envoyée sera molle et très facile à retourner. Un joueur qui joue petit bras, loin de sécuriser son coup, a donc de fortes chances de perdre le point, le jeu ou la partie s’il persévère. Pour éviter de s’enfoncer dans cette façon stérile de jouer, il lui faudra se décontracter et relâcher ses coups.
Figuré : dans le langage courant, cette expression a pris le sens de manquer d’agressivité ou manquer d’ambition pour essayer de s’assurer un résultat sans prendre de risques.

Jambe
Expression : Jouer par-dessous la jambe

Sens propre : quand un joueur de paume ou de tennis se livre à quelques extravagances, pour montrer par exemple son adresse et sa décontraction, il peut renvoyer la balle par-dessous la jambe. C’est le comble de la désinvolture, mais c’est un coup qui peut être très efficace pour décontenancer l’adversaire et le convaincre de sa supériorité. De plus, cela amuse la galerie.

Expression : Jouer (ou traiter) quelqu’un par-dessous la jambe ou ... pardessus la jambe
Figuré : vieille expression qui vient du jeu de paume. Elle signifiait : déranger avec facilité les projets de quelqu’un, et par supériorité d’esprit l’amener à nos vues (Dictionnaire de l’Académie françoise – 1813). Aujourd’hui, cette expression a pris le sens suivant : considérer quelqu’un comme un adversaire négligeable, traiter une personne avec peu de considération, sans aucun égard. Avec le temps et l’évolution phonétique, l’expression jouer par-dessous la jambe est devenue aussi jouer pardessus la jambe.

Pied
Expression : Avoir bon pied, bon oeil

Cette phrase vient en conclusion de l’Ordonnance du royal et honorable Jeu de la paume (1592). Elle exprime les clés de la réussite du jeu de paume qui seront par la suite celles de tous les sports de raquette.
Figuré : C’est au XVIIe siècle qu’est née l’expression bon pied, bon oeil dans laquelle le bon pied symbolise la stabilité d’un homme fort et la rapidité d’un homme alerte, et le bon oeil, la vue perçante.

Main
À ses débuts, vers le XIIIe siècle, le jeu de paume se pratiquait à main nue, en frappant la balle avec la paume de la main comme dans tous les anciens jeux de balle de l’Antiquité.
Expression : Jeu de main, jeu de vilain
Les pauvres, mais néanmoins désireux de jouer à la paume, n’avaient pas les moyens financiers de s’acheter une raquette. Ils devaient donc se contenter de jouer à la paume à main nue, voire avec un gant. D’où l’expression populaire, jeu de main, jeu de vilain dont le sens a évolué depuis.

Classement selon les parties constitutives du jeu
Tripot

Le tripot désigne, jusqu’au XVIIIe siècle, un lieu fermé et couvert spécialement aménagé pour la pratique du jeu de courte paume. On y jouera aussi de l’argent en pariant sur les joueurs. Ainsi, le mot tripot, qui désignait à l’origine le lieu où l’on pratiquait le jeu de paume, prit plus tard le sens de maison de jeu, endroit mal famé, lieu de perdition.

Expression : Jouer dans son tripot, Être dans son tripot
Vieille expression qui voulait dire, au jeu de paume, jouer dans son tripot habituel, c’est-à-dire jouer sur son propre court avec tous les avantages qui en résultent pour le joueur habitué des lieux.
Figuré : on disait autrefois qu’un homme était dans son tripot pour dire « qu’il était dans un lieu où il a de l’avantage pour la chose dont il s’agit » (Dictionnaire de l’Académie françoise – 1694).
Galerie
La galerie est un espace couvert d’un toit dans lequel se tiennent les spectateurs qui regardent une partie de courte paume ou de trinquet. Depuis l’époque de la Renaissance, galerie désigne aussi l’ensemble des personnes rassemblées pour regarder une partie de paume. Par extension, au XIXe siècle, la galerie désigne l’ensemble des spectateurs qui regarde d’autres jouer, à quelque jeu que ce soit : théâtres par exemple.

Expression : Épater la galerie, amuser la galerie
Au jeu de paume, prend le sens d’impressionner les spectateurs se tenant dans la galerie par des coups époustouflants.
Figuré : l’expression épater la galerie apparaît vers 1880. Elle signifie fanfaronner, se montrer à son avantage au risque d’être moins efficace.

Carreau
Dans un jeu de courte paume, désigne l’aire de jeu au sol. Depuis son origine, le sol d’un court de paume est en effet constitué de dalles de pierre en forme de carreaux d’un pied de côté (un pied est égal à 30,48 cm). Selon la tradition, après une partie de courte paume, le vainqueur sort en premier du court tandis que le vaincu, en attendant cette sortie, reste sur le carreau, c’est-à-dire sur le court.
Figuré : l’expression rester sur le carreau est devenue le symbole de la chute de l’adversaire ou de son échec. C’est non seulement échouer dans une action mais aussi être laissé pour compte, être abandonné à son triste sort sans bénéficier d’aucune aide extérieure pour aider à vous relever.

Classement des expressions selon les coups effectués
Chasse

Désigne à la paume le point de chute sur le sol d’une balle à son deuxième rebond.

Expression : Qui va à la chasse perd sa place
Sens direct : quand un joueur de paume au service a deux chasses contre lui, il doit changer de camp pour donner le service à son adversaire.
Figuré : cette règle fondamentale du jeu de paume est ainsi devenue une expression populaire encore très souvent utilisée dans le langage courant. Elle signifie prendre garde à ne pas lâcher la proie pour l’ombre (Jean Arramendy).

Bisque
Ce n’est pas de cuisine qu’il s’agit mais d’un terme ancien du jeu de paume (vers 1600), qui désigne l’avantage de quinze points qu’un joueur donne à un autre moins bien classé que lui pour l’aider à combler son handicap. Celui des deux joueurs qui reçoit une bisque a ainsi le droit de prendre un point (un 15) au moment de la partie qui lui semble le plus avantageux. On dit alors qu’il prend sa bisque, un joker en quelque sorte. Son adversaire n’est évidemment pas très content, d’où l’expression bisque, bisque rage. La bisque existait dans les premières années du tennis mais fut supprimée en 1898.

Expression : Bisquer, Faire bisquer quelqu’un
Faire bisquer quelqu’un, c’est le faire enrager, comme quand un joueur de paume prend sa bisque.

Bond
Expression : Faire quelque chose du second bond

Figuré : « Faire quelque chose d’une manière inacceptable ou inefficace après avoir omis de le faire » (Robert). Locution en usage au XVIIIe siècle et faisant allusion au jeu de paume où la règle de base est de reprendre la balle avant le second rebond.

Expression : Faire faux bond
Comme l’atteste Furetière (1690), cette expression vient du jeu de paume : « Faire faux bond se dit particulièrement dans les jeux de paume, pour marquer le saut que fait la balle en s’élevant en l’air au-dessus du carreau. C’est un coup perdu quand on prend la balle au second bond. On dit aussi qu’un homme a fait faux bond lorsqu’il a fait banqueroute ou qu’il a manqué à quelque devoir d’amitié, à quelque chose qu’il avait promise. »
Figuré : ne pas répondre à l’attente de quelqu’un, manquer à une obligation ou un engagement, ne pas se rendre à un rendez-vous...

Expression : Prendre la balle au bond
Figuré : l’expression signifie faire une chose précisément au moment où elle est faisable, c’est-à-dire saisir une occasion favorable, comme on attrape une balle au bond dans les jeux de balle.

Empaumer
Le jeu de paume est un jeu qui s’est d’abord pratiqué à main nue, avec la paume. Il s’est ensuite joué avec un gant, enfin, avec une raquette lorsque celle-ci a été inventée au XVIe siècle. Empaumer signifie attraper, prendre ou recevoir une balle, dans le milieu de la paume de la main ou en pleine raquette et la relancer avec vigueur. Une balle bien empaumée est donc une balle bien centrée sur la raquette.

Expression : Empaumer une affaire
Le Littré évoque l’expression « empaumer une affaire » au sens de bien la saisir, la prendre en main, bien la conduire.

Expression : Empaumer quelqu’un
Par extension, empaumer quelqu’un, c’est-à-dire le séduire ou se rendre maître de son esprit pour lui faire faire tout ce que l’on veut. « Il s’est laissé empaumer comme un sot. »

Conclusion
Un bilan de mon travail fait apparaître que si le jeu de paume est sportivement marginalisé en France par rapport aux autres jeux de balle, même s’il connaît un renouveau d’intérêt récent, son influence reste étonnamment présente dans notre culture à travers les nombreuses expressions dérivées de la pratique du jeu de paume et utilisées aujourd’hui dans le langage courant.

Vous avez sans doute remarqué aussi que les expressions françaises issues des sports de balle étaient très souvent utilisées dans le langage des affaires (avoir la balle en main, se tirer la bourre, empaumer une affaire, pierre d'achoppement, faire faux bond...).

En lisant ce livre vous découvrirez aussi que le langage des sports de balle, comme d’autres sports d’ailleurs, a très souvent des connotations de combat voire de militaire (tuer la balle, une balle qui tue, envoyer un scud, matraquer son adversaire, un service canon...) rappelant notamment que les parties de jeu de paume où s’affrontaient les joueurs ont remplacé les joutes entre chevaliers du Moyen Âge.
On dit même parfois que les luttes sportives aujourd’hui ont remplacé la guerre. On peut parfois le penser quand on voit tant de haine et de violence sur certains stades ou le fairplay, pardon, le franc-jeu, n’est pas de mise.
Enfin, il faut remarquer toutes les ressemblances entre l’art de l’échange de balle et l’art de la conversation :
- Se lancer la balle
- À toi la balle
- Prendre la balle au bond
- Se renvoyer la balle
- Faire du ping-pong

Ainsi, échanger une balle et échanger des bons mots ou des idées font partie du même univers culturel.
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