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Éditorial N° 236
Le 27 mars, c’est dans la salle
Hugo de l’Institut de France,
à l’issue de l’assemblée
générale de DLF, que notre
président Angelo Rinaldi, de
l’Académie française, a
accueilli, félicité et
récompensé deux célèbres
journalistes : Quentin
Dickinson et Jean Quatremer.
Je voudrais faire l’éloge de
M. Quentin Dickinson et de
M. Jean Quatremer, quitte à
les faire rougir parce que je ne
pense pas pouvoir économiser
les épithètes ni même cacher,
dirai-je, l’envie que je leur
porte puisque, au fond, je suis un journaliste de radio raté. J’ai fait
dans ma jeunesse différentes tentatives de stages, de ceux que l’on
effectue quand on a entre 20 et 30 ans et, régulièrement, j’étais recalé ou par ma voix ou par ma tendance fâcheuse à m’enfoncer
dans les relatifs, dans ce que Proust appelait « ma triste purée de
que ».
Je salue en vous deux également des essayistes, des écrivains…
Je voudrais dire combien votre combat est difficile ainsi que
paradoxal, puisque vous êtes à Bruxelles, c’est-à-dire sur les
frontières de ce que je n’appellerais pas un empire, parce que le
français n’est pas un empire, mais une patrie spirituelle, et que le
paradoxe est qu’un pays non membre de l’Union impose sa
langue. C’est ainsi que la semaine dernière le maire de Dijon a
reçu, pour je ne sais trop quelle raison, quatre lettres en anglais !
Alors, je pense qu’on pourrait trouver à Bruxelles un
fonctionnaire qui écrivît aux maires de nos principales villes de
France en anglais ou peut-être même en polonais, parce que
justement il y a une diversité qui ne me semble pas respectée.
Écrivains en même temps que journalistes, vous accédez à une
actualité mouvante et vous y apportez dans le commentaire, tout le
monde me l’a dit, des qualités qui vous ont fait distinguer par cette
institution qui, contrairement à ce que l’on croit, n’est pas
vénérable mais qui est tout simplement chaque jour à inventer,
parce que je pense que l’Académie française, et ceux qui sont
directement liés à elle le savent, est une institution qui doit sa
survie et sa pérennité à la gratuité de son ambition.
J’ai souvent dit que la France est le seul pays au monde qui ait
dressé un palais à la gloire de la nuance, ce qui nous ramène à la
grande richesse du français que M. Quentin Dickinson et M. Jean
Quatremer défendent si bien.
Ils se seront aperçus dans l’intervalle que s’ils avaient été chefs de
service je ne serais pas certain, aujourd’hui, qu’ils me
reconduisent dans mes fonctions. Cela ne diminue en rien l’amitié
et la chaleur, que j’espère méditerranéenne par ce temps gris, avec
laquelle je voudrais leur remettre le prix Richelieu 2010,
immédiatement, sans phrases, j’espère sans chichis d’apparat.
M. Angelo Rinaldi, de l’Académie française
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