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Éditorial N° 244
Aux adhérents
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Rencontre de Philippe Beaussant, de l’Académie française, notre
nouveau président, et des adhérents le 31 mars, à l’assemblée
générale de DLF.
Philippe Beaussant est la dixième personne en partant de la droite.
Que pourrais-je vous dire si ce n’est que je suis très heureux d’être ici
aujourd’hui et très ému d’assumer cette fonction, pour moi très
importante – dans mon esprit et dans mon âme –, qui consiste à
m’occuper de la langue française et de sa défense. C’est une chose à
laquelle je crois depuis toujours et me trouver aujourd’hui à la
présidence de votre association me touche infiniment. C’est une sorte
de confirmation de ce que me disait ma maîtresse en classe de 8
e (on
dirait aujourd’hui « professeur »). Elle m’a convaincu que c’était le
rôle de ma vie. Elle me faisait faire des rédactions. Elle me disait
qu’elles étaient bonnes. J’en étais très fier. Et comme mon grand-père savais que je m’occuperais de la langue française, et que j’écrirais des
bouquins. Je rends grâce à ma maîtresse qui n’est plus de ce monde,
évidemment, de me trouver parmi vous aujourd’hui. Elle serait très
fière. Elle serait très contente.
La défense de la langue française est un sujet absolument capital. Les
Français ne s’en rendent généralement pas suffisamment compte. Ils
pensent que c’est intéressant, que c’est bien. Mais enfin quand nous
entendons parler nos concitoyens, nous avons quelquefois
l’impression qu’ils n’ont pas bien compris l’importance de la chose.
Et je crois donc que l’un de nos premiers rôles, à nous tous, est d’en
convaincre notre entourage, quel qu’il soit.
Un écrivain de l’Antiquité disait : «
Depuis que j’ai appris deux langues,
j’ai deux esprits. » Ce qui était très bien pensé, car une langue, c’est
d’abord une manière de penser et une manière d’être. En avoir deux,
ce n’est pas mal. Encore faut-il en posséder une au plus profond
de soi.
J’ai été professeur de français pendant toute ma jeunesse. C’était alors
le but de ma vie. Je pense que j’ai dû former des essaims de très bons
élèves, qui parlent bien français. Et même, j’en suis sûr : j’ai appris
qu’il y en avait quelques-uns qui écrivaient.
Il est certain que la défense de la langue française a été le souci
numéro un de toute ma vie.
Quand je suis allé à l’étranger, je me suis occupé de l’Alliance
française. C’était une autre manière de faire le même métier. J’avais
de très bons élèves, qui continuent à m’écrire de temps en temps.
Et puis l’Académie française, ça sert à ça aussi !
Je n’ai pas d’autres aspirations que de défendre la langue française.
Vous non plus, j’espère. J’en suis sûr et c’est pour cela que je vous
rejoins avec grand plaisir. J’espère que nous allons faire du bon
travail.
Comme vous, il m’arrive d’être inquiet de l’invasion de l’anglais. Ce
n’est pas que je le déteste, il a bien fallu que je le parle en Australie
(d’ailleurs tout le monde se moque de moi, parce que je parle anglais
avec l’accent australien !). Là-bas, je crois que je me suis bien battu pour la langue française. J’ai encore des élèves qui me rendent visite,
quand ils viennent en France et j’en suis très heureux. Cette défense
des Alliances françaises, des Instituts français, est essentielle. J’ai
appris, il y a quelque temps, que l’Institut français de Florence
fermait ses portes. Or, si à Florence il n’y a plus d’Institut français,
c’est la fin du monde !
Alors, il faut travailler, chacun avec les moyens dont il dispose. Et tous
les moyens sont bons pour un bon projet.
Philippe Beaussant
de l’Académie française
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