Défense de la langue française   
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Éditorial N° 270


Un manifeste:
la Défense et Illustration de la langue française
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Alors que s’achève l’année du soixantième anniversaire de la création de notre association et de sa revue, nous avons pensé qu’il serait utile de rappeler l’origine de leur dénomination. Voici, extraites de l’Histoire de la littérature française*, publiée en 2013 par notre président, quelques lignes consacrées à Défense et Illustration de la langue française.

Ce manifeste, préparé par un groupe de jeunes lettrés réunis autour de Ronsard, porte la signature de Du Bellay. Prenant pour prétexte une réponse à Thomas Sébillet (qui, dans son Art poétique, défendait l’art de Marot), Du Bellay et ses amis réagissent très vivement et proposent une nouvelle théorie littéraire.
À dire vrai, la Défense et Illustration (1549) fait suite à divers traités, parus entre 1530 et 1540, qui visent tous aux mêmes buts : épanouir et enrichir la langue ; créer de nouvelles formes. Du Bellay compile des idées souvent admises par tous, y compris par ceux qu’il attaque (comme Marot ou Rabelais). Plagiaire, souvent injuste, Du Bellay a cependant su créer l’événement et imposer un manifeste qui reflète toutes les aspirations de son époque. Le débat de fond (créer une littérature qui soit vraiment « française » , et originale) va conditionner toute l’évolution de la poésie jusqu’à nos jours. Il s’agit de dire le pouvoir des mots : chaque langue possède un pouvoir particulier et intraduisible. C’est en elle que se trouvent toute beauté et toute vérité transmissibles. Si la langue imite, se répète, s’affadit, si personne ne l’élabore, ne la réveille ni ne l’enrichit, ce n’est pas seulement la communication entre les hommes qui s’affaiblit, mais aussi le génie d’un peuple.
Tout l’art poétique va viser à déceler et cultiver la force et la beauté du français, tout en le réanimant et en le diversifiant : il faut exploiter toutes les possibilités qui rendront à notre langue « lumière », « énergie », « âme » et « ardeur ».
Xavier Darcos
de l’Académie française

* Hachette, 576 pages, 15,20 € (p. 87-88).
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