Défense de la langue française   
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QUESTIONS PARLEMENTAIRES

RÉPONSES MINISTÉRIELLES

JOURNAL OFFICIEL DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE



Langue française (défense et usages - organisations internationales - ONU
(J.O. du 5 avril 1999)

23438. - 28 décembre 1998. - M. Georges Sarre attire l'attention de M. le ministre délégué à la coopération et à la francophonie sur la marginalisation croissante du français en tant que langue de travail et de communication des institutions onusiennes, particulièrement à l'Office des Nations unies de Genève, ville pourtant clairement francophone. En témoigne, notamment, le fait que, sur les cent cinquante et une missions permanentes auprès de l'ONU à Genève, quatre-vingt-huit utilisent ainsi l'anglais (plus précisément un succédané d'anglais) comme langue de travail et de relations publiques, contre quarante-trois le français, tandis qu'une vingtaine travaillent dans ces deux langues. De même, lors des rencontres bihedomadaires avec la presse internationale organisées par les services de communication onusiens, 65 % des quarante-quatre porte parole des dix-sept organismes spécialisés de l'ONU (BIT, OMS, OIT, etc.) implantés à Genève privilégient la langue anglais contre 35 % la langue française. Par ailleurs, les rapports et autres documents de travail de l'Office des Nations Unies, de plus en plus rédigés en anglais - 20 % seulement du personnel onusien de Genève utilisant le français comme langue de travail (proportion tombant à 5 % des agents au siège onusien de New York) - sont trop souvent, aux motifs de la simplification, du gain de temps et des économies budgétaires, indisponibles en français car non traduits. Pour ne citer qu'un dernier indice préoccupant, force est de constater que nombre de hauts fonctionnaires internationaux français et francophones tendent de plus en plus à s'exprimer publiquement en anglais, capitulant d'eux-mêmes face à une utilisation grandissante de l'anglais, considérée, à tort, comme inexorable. Pourtant comme l'écrivait en 1977 le professeur Jacques Barrat dans sa Géopolitique de la francophonie, « malgré un certain nombre de facteurs défavorables, le recul du français dans les organisations internationales n'est pas inéluctable, à condition qu'une extrême vigilance s'impose et que les autorités des pays francophones s'engagent résolument dans une politique de défense de leur langue » ce qui suppose qu'existe à la fois « la volonté » et « les moyens ». Rejoignant M. Boutros Ghali pour souligner, comme il l'avait fait lors du Sommet francophone de Maurice en octobre 1993, que « les Nations unies sont tout autant (…) un lieu de pouvoir qu'un lieu de discours et c'est dire combien la langue y est un attribut naturel de la puissance et combien, dès lors, les rapports de force sont affleurants derrière les débats linguistiques, et partageant sa conviction qu'être francophone, c'est militer au-delà de la défense de la langue française pour la tolérance, pour le respect des diversités linguistiques et culturelles, pour la préservation d'une civilisation plurielle » - donc, « en un mot, pour un nouvel humanisme » -, il lui demande donc de faire le point de ce dossier, en lui précisant notamment les initiatives envisagées par le Gouvernement afin non seulement de défendre le statut du français au sein de l'ONU - dans ses opérations formelles comme dans ses structures plus informelles et le travail au quotidien de ses agents - mais aussi de reprendre l'initiative - avec nos partenaires francophones comme avec tous les États non francophones refusant l'uniformisation linguistique et culturelle - en vue de regagner le terrain ainsi progressivement perdu.

Réponse. - La défense du statut de la langue française dans les organisations internationales est une des priorités du Gouvernement en matière de francophonie. C'est à l'instigation de la France que les chefs État et le gouvernement ont adopté, lors du Sommet de Hanoï, un plan d'urgence destiné à relancer l'emploi de la langue française et à renforcer la présence des francophones dans les enceintes internationales. Ce plan comprend plusieurs volets : la prise en charge d'experts associés francophones au sein des organisations internationales ; la sélection et le suivi de la formation de jeunes cadres originaires de pays francophones, à la fonction publique internationale ; le soutien aux organisations internationales non gouvernementales, en particulier sous forme d'aide à la traduction et à l'interprétation ; la mise en place de dispositifs permettant de repérer et de regrouper les francophones dans les organisations internationales, de mettre à leur disposition des documents en langue française et d'organiser des rencontres informelles, à caractère culturel, par exemple. Ce programme dont la France est le principal contributeur est crée par l'Agence de la francophonie, sous l'autorité d'un comité de pilotage. La priorité a été donné au recrutement des experts associés. Ainsi, dès le début de l'année 1999, une dizaine de jeunes experts associés francophones ont été proposés à des postes identifiés au secrétariat général de l'ONU et dans ses organismes spécialisés. De plus, en octobre 1998, le secrétaire général des Nations Unies a fait part à la représentation permanente française à New York de sa décision de mettre en place un plan de recrutement des fonctionnaires de rang supérieur ciblé à l'attention des francophones. Afin de saisir cette opportunité, l'Agence de la francophonie, soutenue en cela par le comité de pilotage pour le plan d'urgence pour le français a lancé une étude sur la mise en place des mécanismes qui permettront de constituer un vivier de candidats francophones de haut niveau et de répondre rapidement à toute demande, dans le cadre de cette nouvelle disposition. Le secrétaire général de la francophonie, quant à lui, montre, depuis son entrée en fonction, son attachement à l'utilisation du français dans les organisations internationales. C'est dans cet esprit qu'il a pris l'initiative d'organiser, à Genève, les 5 et 6 novembre derniers, un colloque sur le plurilinguisme dans les organisations internationales à vocation mondiale ayant leur siège en Europe. Son intention est de renouveler cette opération à New York, Vienne et Bruxelles. Le gouvernement français soutien cette démarche visant à prévenir les risques d'uniformisation linguistique et culturelle au sein de l'ONU, comme il le fait d'ailleurs au sein des institutions de l'Union européenne. C'est ainsi que les services du Premier ministre, du ministère des affaires étrangères et du ministère de la culture ont publié en février 1998, un guide intitulé « Le Français dans les institutions européennes », qui a pour objet de donner à tous les Français ayant des relations avec l'Union européenne les éléments d'information et les règles juridiques qui leur sont utiles. Le ministère des affaires étrangères invite régulièrement , avec la plus grande fermeté, ses représentants à l'étranger à prendre la parole en français dans les réunions informelles et leur rappelle qu'ils sont tenus de s'exprimer dans notre langue, lors des réunions dans les instances internationales où le français est langue officielle. Il finance un programme annuel de mise à disposition de soixante-dix jeunes diplômés auprès de différentes agences du système des Nations unies. Enfin, il mène tant par la voie de la coopération multilatérale francophone que par celle de la coopération bilatérale, de nombreuses opérations de formation et de sensibilisation pour la relance de l'utilisation de notre langue dans les organisations internationales.


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